Notre salon Arletty: dès le début des années 1930, Arletty est devenue une figure érotique, ce dont témoigne ce portrait de Moïse Kisling, datant de 1933. Crédits : © Moïse Kisling / ADAGP, Paris 2012 / Photo © Studio Monique Bernaz, Genève.

mercredi 28 novembre 2012

L’autre jardin.


Carise. Venez, Eglé, suivez moi ; voici de nouvelles terres que vous n’avez jamais vues, et que vous pouvez parcourir en sureté.
Eglé. Que vois-je ? Quelle quantité de nouveaux mondes !
Carise. C’est toujours le même, mais vous n’en connaissez pas toute l’étendue.
Eglé. Que de pays ! Que d’habitations ! Il me semble que je ne suis plus rien dans un si grand espace, cela me fait plaisir et peur. (Elle regarde et s’arrête à un ruisseau.) Qu’est ce que c’est que cette eau que je vois et qui roule à terre ? Je n’ai rien vu de semblable à cela dans le monde d’où je sors.

La dispute
Marivaux (1688-1763)
www.librio.net
Coût 2€uros

Ce qui compte ?


Ce qui compte ? voler, voir la terre de très haut, parler aux cigognes, devenir ouragan ou fouet, flèche, éclair, n’être plus qu’une action continue, fluide, instantanée, qui ignore ce que veut dire hésiter, trembler, échouer- et même vouloir.

Roger-Pol Droit : Les Héros de la sagesse aux éditions Flammarion.
Coût 9€.

Sans titre.



lundi 26 novembre 2012

Hall de l’hôtel… Les pas perdus.


ELLE. - Tu reviendras ?
LUI. – Je reviendrai.
ELLE. – Tu m’aimeras encore ?
LUI. – Je t’aimerai toujours.
ELLE. – Tu me le diras ?
LUI. – Je te le dirai et le redirai.
ELLE. – Tu ne m’oublieras pas ?
LUI. –  Je ne t’oublierai pas.
ELLE. – Tu ne changeras pas ?
LUI. – Je ne changerai pas.
ELLE. – J’ai raison d’avoir confiance ?
LUI. – Tu as raison d’avoir confiance.
ELLE. – Même si tu restes longtemps ?
LUI. -  Même si je reste longtemps.
...
Extrait :
Les pas perdus de Denise Bonal
Editions théâtrales. Coût : 13€95.

samedi 24 novembre 2012

Suite Françoise Sagan


Épikhôdov
Le jardinier envoi des fleurs pour la salle à manger.
Lopâkhine, (à Douniâcha)
Apporte-moi le kvass.
Douniâcha 
Bien, monsieur
Épikhôdov
Trois degrés, de la gelée blanche, et les cerisiers en fleur !
Je ne saurai approuver notre climat ! (il soupire.)
Douniâcha 
Épikhôdov, il faut que je vous l’avoue, Iermolaï  Alexéitch, Épikhôdov m’a fait une demande en mariage.
Lopâkhine
Ah !
Douniâcha 
Je ne sais que faire…  C’est un homme doux, mais souvent, quand il vous parle,  on ne comprend rien.
Ce qu’il dit est touchant et bien ; mais on ne comprend pas. Je crois qu’il me plait. Il m’aime à la folie ; mais c’est un homme à malheurs ; tous les jours, il lui arrive quelque chose ; on l’a surnommé Vingt-Deux-Malheurs.

Anton Tchékhov

La Cerisaie. (extrait)

mercredi 21 novembre 2012

mardi 20 novembre 2012

Grand salon des ambassadeurs


Budget, chômage, précarité : la Seine Saint-Denis ne peut plus attendre

Modifié le 20-11-2012 à 13h05
Par Stéphane Troussel
Pdt du Conseil Général du 93
Alors que les banlieues sont - et de loin - les premières victimes de la crise, la cure d'austérité s'appliquera à toutes les collectivités locales, via la prochaine loi de finances. Intolérable pour Stéphane Troussel (PS), le président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis. Il en appelle à la responsabilité du gouvernement.
Édité par Hélène Decommer 

Le 93 déguisé en département "riche"
 Nos banlieues subissent plus fortement que d’autres territoires de la République le chômage, la précarité et le décrochage. C'est ce que vient de rappeler le dernier rapport de l’Onzus (Observatoire national des zones urbaines sensibles).
 Mais alors que les habitants de la Seine-Saint-Denis sont de plus en plus nombreux à avoir besoin de solidarité, la capacité d’un département comme la Seine Saint-Denis pour la mettre en œuvre se tarit. Pour deux raisons :

 - D’abord depuis 2004, l’État ne compense pas l’augmentation des dépenses sociales obligatoires des départements. Cela représente plus de 170 millions à la charge du Conseil général de la Seine Saint-Denis pour la seule année 2012.

 - Pire encore, l'absurdité technocratique déguise un département comme le nôtre en un département riche. Ainsi, non seulement la Seine Saint-Denis ne bénéficie pas du fonds d’urgence d’aide aux départements en difficulté, mais doit au contraire cette année 14,3 millions d'euros au titre de la péréquation entre les départements !

Des mesures d'urgence pour le département
Voir la suite de l’article :

L’automne

De Véronique
(Peinture sur verre)

lundi 19 novembre 2012

Petit jardin de Dionysos errant.

Sous la pluie,
Au milieu d’un parterre  mouillé et flavescent
Dans les yeux du jeune homme
J’y ai vu le métal précieux.
Puis ce fut un doux et fraternel baisé.
L’humus exhalait sauvage et capiteux
Les senteurs
D’un feu d’automne.
En cet instant argenté
Nous fûmes plus valeureux.

Petit boudoir "Amandine"

jeudi 15 novembre 2012

Le sage:


Il n’est jamais véritablement démuni puisqu’il ne manque de rien, puisqu’il a tout à sa disposition, puisqu’il est citoyen du monde, puisqu’il est libre de ses mouvement, puisqu’il maîtrise autant son corps que son âme et qu’il est, d’une manière ou d’une autre, devenu une partie de la nature, une parcelle de l’univers, un grain du cosmos. Bref, le sage qui parait s’être privé de tout, est pourvu de tout. Devenu zéro, il possède l’infini.  
Reste à tenter de saisir ce que peuvent signifier  des expressions comme « se priver de tout », ou « devenir zéro ». Faut-il les prendre au pied de la lettre ?

Roger-Pol Droit : Les Héros de la sagesse aux éditions Flammarion.
Coût 9€.

mercredi 14 novembre 2012

Le petit auditorium "Les Enfants du paradis" présente:


Entr'Acte (1924)
Proposé par : TheWelleszCompany
Un film de :
René Clair (1898-1981) / Erik Satie (1866-1925)


Entr'acte est un film réalisé par René Clair qui est diffusé le 27 novembre 1924 à l'entracte de Relâche, ballet dadaïste de Jean Börlin et Francis Picabia au Théâtre des Champs-Élysées, par les Ballets suédois. Il représente à ce titre la première intervention du cinéma dans un spectacle de danse. Le film est une suite d'images surréalistes, comme une poursuite folle d'un corbillard ou une danseuse barbue filmée par en dessous. Voir ici la note écrite par Francis Picabia qui servit de fil directeur au film : 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Entr'acte_(film) 

Le film est un hommage aux films burlesques de l'époque, la partition d'Erik Satie fut composée en suivant scrupuleusement le rythme des images du film en un temps où le film était encore muet. De ce court métrage, … 
Voir : 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Entr'acte_(film)

Si quelqu'un, pour une raison quelconque, juge que cette vidéo ne doit pas apparaitre sur ce blog, parce que sa présentation violerait le droit d'auteur, s'il vous plaît faites nous le savoir. Nous l’enlèverons aussitôt de l’affiche. Merci.

mardi 13 novembre 2012

Chambre N° 58: Benjamin Dubost

Benjamin Dubost interprète à l’accordéon « MonFrère »
http://www.generationslive.fr/ptibonhomme
benjamin.dubost@gmail.com




lundi 12 novembre 2012

Il pleut encore.


J'aime la rue, sa pluie, l’odeur de cette pluie, ce monde grouillant qui noie l’indigent. Mais l’indigent semble s’en foutre complètement de toute cette eau ; de tout ce monde. Il parcourt sa portion de boulevard comme un Don Quichotte, et moi presque caduc je suis en marche à coté de lui bousculé ; ballotté parfois par l’un de ses sacs comme par le ventre d’un ogre ruisselant tout Paris.
La ville, l’immonde ville (vaste urinoir pour indigents) se voudrait déjà scintillantes des lanternes de noël.
Le froid aimerait prendre en tenaille l’absurdité de tous ces vas-et-viens avec leurs pensées  âpres ou doucereuses.
L’arbre pris pour pissoir se gausse de ce chatouillis.
Lui cet indigent à mes cotés est beau comme un Christ ; cheveux mi longs blonds châtains avec des mèches en or.
Je connais maintenant son odeur et parfois en lavant son linge, celle insidieuse mais déjà perceptible de la puanteur  qu’exhale un trousseau humide et porté depuis presque une semaine.
L’indigent est érudit.
Coude contre coude, bras contre bras, nous avons visité le musée d’Orsay ensemble. Demain le Louvre et toujours les mêmes cafés aux alentours de Saint-Germain-des-Prés
Ce jeune homme de trente trois ans aime les femmes.
Et moi j’aime étrangement ce jeune homme.
J’aime chez lui (alors que je nous aime encore un peu) tout ce qui n’est pas nous. Cette étrange adhérence au bitume ; ce refus presque catégorique qui  lui revient souvent de se faire aider par l’état ;  les services sociaux.
J’aime sa maintenance (même transi de froid) à son statut d’indigent.
Soit.
Le verbe aimer ici n’est pas le bon, puisque nous ne saurions aimer la misère ; le désordre quelle jette sur les nécessiteux et nous tous.
Mais comment ne pas aimer en « éructeur » de puanteurs de ce monde, en artiste, en critique ce prélude tumultueux à la Victor Hugo ?  Comment ne pas aimer ; comment ne pas chérir cet autre nous-mêmes qui sonde à notre place le devenir  sans doute pitoyable de notre société.
La résonance  ici est une nouvelle fois tonitruante.
La misère s’installe à Paris, dans nos rues ; partout ; dévorante,  en un clin d’œil.
Elle me sied parce qu’elle nous pousse dans nos derniers retranchements.
Pour ne pas aller jusqu’au sang il nous faudra couper et reprendre pour nous des pliures de l’étoffe du manteau de Saint-Martin.
Voila huit mois qu’une ou deux fois par semaine je partage un café, du pain, une pizza avec ce nouveau compagnon.
De ce partage, j’en ai fait mon poing, un étendard, le cri avalé, enfoui de toutes les désespérances tues.
J’en ai écrit une très courte nouvelle intitulée « Dat »
Et à la dernière ligne, j’en ai fait mon tombeau.
J’ai alors levé mes poings et pris le col de cet homme.
Je lui ai crié mon attachement, mon affection ma tendresse, et les semaines écoulées ont faits de nous ; deux frères ; deux amants fraternels.
Chacun ayant besoin de l’autre de façon différente.
Un jour Christophe partira pour un mieux être et ce sera bien.
C’est ce que je lui souhaite vivement.
Je serai déjà mort
Dans la solitude d’une chambre d’hôtel.

Diogène.


Diogène le Cynique n’avait pratiquement plus rien a lui. Il vivait dans une citerne.
La légende lui attribue un tonneau. Il mendiait son pain, il ramassait souvent des nourritures données en offrande dans les temples ou fouillait dans les ordures de la Cité. Il ne possédait presque aucun ustensile.  Après avoir vu, à une source, un enfant boire dans ses mains, Diogène aurait cassé sa dernière  écuelle. Si les enfants boivent dans leurs mains, pourquoi donc le sage aurait-il besoin d’un bol ? Encore un accessoire qui se révèle inutile et auquel on peut renoncer…

Roger-Pol Droit : Les Héros de la sagesse aux éditions Flammarion.
Coût 9€.

samedi 10 novembre 2012

Cela s’est passé il y a longtemps


Dat, proposa au malheureux de monter dans sa chambre puis de se défaire de ses habits, de prendre une douche. Dat regardait l’homme faire sa toilette. Un  corps blond, légèrement ambré.
Dat proposa à l’homme de lui laver le dos. Le savon écumait sur ce corps étranger.
L’homme s’allongea ensuite sur le lit, nu fatigué. Dat regarda son corps. Il garda ses impressions pour lui. Dat, entreprit de masser les pieds de l’indigent longtemps avec application. L’homme s’endormit. Dat tout habillé s’allongeât à son côté ; enfoui son corps dans le corps nu de l’autre.
Il eut un sanglot, comme un trouble. Dat souffrait.
Son visage écoutait maintenant un autre souffle que le sien. Il respirait une odeur ; autre que celles accoutumées. Dat alors s’endormit souhaitant ainsi gagner le ciel.

A Marion chambre N° 76


La dame du lac

Elle esquisse le jour
En y épouvantant
Des chimères.

Ses bras ardents
Griffent mon souvenir
De feux mémoriaux

Et sous sa robe d’écume
S’enfle d’un désir sombre

Mon désir.

jeudi 8 novembre 2012

Pier Paolo Pasolini et Ezra Pound

Chambre N°43

"Maintenant j'ai du dégoût pour le repentir,
non d'avoir péché, mais perdu.
Je n'ai pas assez manqué aux devoirs
du bien, à mon courage de garçon…
Voilà ma nausée de mort.
Nuits dans ma gorge, comme rampe
le ver, la vie consumée.
Le muet dément entre dans ma chambre :
son nom a toujours été Pier Paolo.
Il écrit sur ma chaise, il écrit. Je tremble
en le reconnaissant. Je ne l'aime plus".
Pier Paulo Pasolini

Extrait de la revue Diérèse printemps été 2010




Il s'agit de la fameuse interview avec Pier Paolo Pasolini à Ezra Pound, la lecture d'un morceau de testament spirituel du poète américain en présence de l’auteur.
http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2012/05/pier-paulo-pasolini-po%C3%A8te-rebelle.html

Pier Paolo Pasolini est un écrivain, poète, journaliste, scénariste et metteur en scène italien, né le 5 mars 1922 à Bologne et assassiné dans la nuit du 1er au 2 novembre 19751 sur la plage d'Ostie, à Rome.

mercredi 7 novembre 2012

Louis Malle et Miles Davis chambre N° 52


Chambre N° 56


« Une invite court déjà depuis quelques semaines ;
le retour de Raoult en était l'occasion.
Allons-nous pouvoir bientôt ensemble boire à nos santés,
 monter à nos lèvres  calice délice jusqu'ici inconnu, choisi par mes soins.
Voyez là encore vous ne dites rien
Belle fin journée »
clownesquement
GeM

La grande galerie Léona Jeanne présente: Rémi Lombardot.

Quadrillage7, Copyright: Rémi Lombardot.

Quelle force de caractère, quelle force dans le trait.
Tous ces quadrillages, ses ronds en coups de poings parfois, sont faits d’une vivacité, d’une force exalté ; comme par le passé ses masques portraits exhibés surprenants et attirants parfois des propos courroucés de certains des visiteurs de son wizz sur le site web de Télérama.
On criait à l’imposture.
« De vulgaires dessins d’enfants ! »
L’art de Rémi Lombardot ne demande qu’à exulter et vivre pour toujours nous surprendre.
Voici l’affirmation du trait et des assemblages de lignes proposées avec véhémence ; comme un ordre. Art poétique et pictural aux  rageuses ondulations en pleins accomplissements.
Brutalités, saillies du geste sur la feuille.
Et enfin l’éruption d’un lyrisme saisissant.
Remi Lombardot est assurément l’un de nos plus grands artistes contemporains
D’une valeur sûre et chère.
Il signe là de grands chefs d’œuvres.