Notre salon Arletty: dès le début des années 1930, Arletty est devenue une figure érotique, ce dont témoigne ce portrait de Moïse Kisling, datant de 1933. Crédits : © Moïse Kisling / ADAGP, Paris 2012 / Photo © Studio Monique Bernaz, Genève.

lundi 31 décembre 2012

Dernier billet d’humeur sans dédicace.

L'étang près du monastère
Copyright: Marion Lamy

Ainsi lorsque nous mourrons, parce que trop pudibonds, personne ne devra connaitre nos derniers instants de caresses quand nos mains se frôlaient pour le plaisir; pour un ultime adieu.
Alors lorsque nous mourrons personne en dehors de moi orphelin de vous ne devra connaitre la couleur de nos larmes, ce goût âpre, amer et si particulier (comme une pierre que l’on lèche) de la vie qui sen va.
Alors lorsque je ; ou vous mourrez, nous ferons publier sur des machines à retranscrire la dernière banalité. Notre dernier mensonge auquel plus personne ne croira.
« Ils sont morts suite à une longue maladie ».
Ces gens là, qui sont morts manquaient sans doute d’élégance pour terminer si proprement leur vie. Aucune souillure, rien ; un passage dans leur siècle à ne rien dire à ne rien faire qui puisse attirer notre attention.
Puis, je ou vous fermerez violemment la porte de la chambre où il mourra ; oui c’est ça encore plus fort !
Puis mon âme et vous-même,  irez vomir au coin de la rue notre mensonge sur notre maladie ou notre misère, celle des autres ; l’affreuse misère des autres!
Des sans abris.
Pour ne pas avoir dit La couleur de vos yeux, le touché de votre peau ; ce dernier baiser sur nos bouches et l’odeur des draps où la mort se couche je noircirai le monde de dédain. Orphelin de vous ou de lui, comme un gueux je pisserai devant chacun un ruisseau nauséabond d’indifférences.
Et je m’épuiserai enfin à crier follement avec tendresse vos  prénoms.
A crier au monde
Ne fermez plus les portes des chambres des mal-aimés.
Quelques soient leur odeur.

Il sera minuit.


... 2013 pointe son nez
Prenez soin de vous; de chacun, prenons soin des autres.

jeudi 20 décembre 2012

Pierre Emmanuel.


                               "J'ai 23 ans, je n'ai jamais embrassé de fille »


Savannah Bay


Madeleine
Qu’est-ce que c’est ?
Jeune femme
C’est jean et Hélène. Ils ont apporté un disque pour vous. (Temps).  Ils sont repartis.
Madeleine
Ah bon…
La jeune femme caresse les mains de madeleine, les embrasse. La voix de la chanteuse cesse.
Jeune femme
Vous reconnaissez cette chanson ?
Madeleine (hésitation)
C’est-à-dire… un peu…
Temps long.
Jeune femme
Je vais la chanter et vous, vous répéterez les paroles.
Madeleine ne répond pas. Elle fait une légère moue. La jeune femme la regarde avec gravité.
Jeune femme
Vous ne voulez pas ?
Madeleine
Si… Si… je veux bien…
La jeune femme continue à regarde madeleine avec une gravité intriguée. Madeleine passe la main sur le visage de la jeune femme.
Madeleine
Vous êtes ma petite fille ?
Jeune femme
Peut-être.
Madeleine (cherche)
Ma petite fille ?... ma fille ?...
Jeune femme
Oui, peut-être.
Madeleine (cherche)
C’et bien ça ?
Temps. Silence Madeleine ferme les yeux et caresse la tête de la jeune femme comme une aveugle le ferait. La jeune femme se laisse faire. Et puis Madeleine lâche la tète, ses mains retombent, désespérées.
Madeleine (temps)
Je voudrais qu’on me laisse tranquille.
Jeune femme
Non.
La jeune femme prend les mains de madeleine et les pose sur sa propre tête pour qu’elle continue à caresser « la troisième absente ». Les mains de madeleine retombent encore désespérées. La jeune femme abandonne.  Mains inertes des deux femmes.
Jeune femme
Vous vous ennuyez ?
Madeleine
Non.
Jeune femme
Jamais ?
Madeleine (simple).
Jamais.
Silence. La jeune femme chantonne « les mots d’amour ». On dirait que Madeleine cherche d’où vient le son Arrêt du chant. Puis la jeune femme commence à chanter la chanson de façon ralentie tout en prononçant les paroles de façon très intelligible.

Savannah Bay (Extrait)
Une oeuvre de Marguerite Duras.
les éditions de minuit


mercredi 19 décembre 2012

L'autre jardin

Copyright: Circo de los Muchachos

Un sans-domicile fixe de 45 ans a été retrouvé mort de froid


AFP - Publié le 14/12/2012 à 19:15
Un sans-domicile fixe de 45 ans a été retrouvé mort de froid vendredi matin à Paris, sous le pont Charles-De-Gaulle (XIIe arrondissement), a-t-on appris de source policière.
C'est un piéton qui a alerté les pompiers. Une fois sur place, le médecin du Samu a constaté le décès du quadragénaire, qui est, selon lui, mort d'hypothermie.

lundi 17 décembre 2012

Le ventre nu des vieilles dames.


Le ventre nu
Des vieilles dames
est
Agé comme un désert de sable.
Et tout à leur entour
Le monde,
Le nôtre qui ne semble plus être le leur.
Le nôtre avec ses méprises,
Et ses mal dormances
Avec ses soubresauts
Haletants.

Le ventre des vieilles dames
Sursaute à chaque visite.
Parfois reposé, il se tait
Mais il sait tout de nous
Comme un hymne à l’amour.
Et leur crépuscule,
se fait déjà discret,
Très discret.
C’est tout.
A chaque instant si près de nous.

A Marion Lamy et Michel Aguilar.

samedi 15 décembre 2012

Je peins avec ma conscience et des mots mieux qu’avec un pinceau l’âme du clown.

A GeM.
(Lettre retrouvée)

Saviez-vous que le clown ne fait pas seulement rire ? Vous le savez je le sais.
Votre clown à vous devrait exister entre le mimodrame, la mimique et la pantomime. Tout cela est à peu près similaire. Les différences, existantes, sont subtiles. Mais avec et peu de mots, peut-être seriez vous une sorte de « slameuse » plus sensible ; comme au ralenti.

Sur scène, si vous l’étiez, donnez nous l’impression d’avoir observé, et d’être constamment à l’écoute. Dites peu de choses, bougez à votre manière, susurrez, marmonnez un poème, mettez vous en colère parfois. N’hésitez pas aussi à « mal » chanter.

Ne soyez pas trop près sentimentalement du public. Effleurez-le. Le métier d’acteur est un grand secret, une pierre philosophale.

Alors il se reconnaîtrait en vous, et vous en eux. Vous ne serez rien de plus que nous-mêmes, mais en tant qu’artiste, en tant que comédienne ou clown, vous nous révéleriez à nous-mêmes. C’est tout le mystère de ce métier. De cette vocation. De révélez en chacun nos qualités et nos faiblesses.

Prenez soin de votre personnage, de vous. Ne soyez jamais trop sévère avec lui. Questionnez-le sur vos propres questionnements et sur les bonnes et mauvaises choses du monde. Sur toutes les questions que nous nous posons tous et toutes ; de la plus frivole à la plus grave. Répondez-vous très simplement et si possible avec bonhomie, avec tendresse.

Parfois face aux mauvaises compromissions peut-être les vôtres ou les nôtres ne craignez point de contre attaquer celles-ci  avec une ironie mordante.

Ecrivez tout ce qui vous passe par l’esprit. Puis si « dieu » le veut, si plus que moi vous osez travailler votre talent, si en faire un métier vous plaisait, alors quelque soit votre âge vous devrez peut-être accepter de vous plier à devenir une Clown professionnelle.

Je peins avec ma conscience et des mots, mieux qu’avec un pinceau. Voulant faire de vous un personnage, et c’est mon droit en tant qu’artiste, je puis aussi malgré moi, frôlant votre extrême sensibilité vous blesser.

Lisez ces mots le plus simplement du monde, avec le moins d’émotion possible.
Mais riez surtout

S’ils doivent vous aider et vous rendre prospère ils le seront pour vous en toute simplicité.
Le cas contraire, prenez les simplement comme des mots aimables, offerts, parce qu’à cet instant je disposais de ce temps pour vous parler ainsi.

Puis pour démystifier cette part de spiritualité, de sérieux dans cet intime échange entre nous, il est possible que je reproduise ces mots sur l’une de mes pages du « web » pour mieux faire connaître ma vocation de « passeur » d’âme.

Ce ne sera pas vous trahir, puisque aujourd’hui ces mots, vous sont dédiés, avec la même fraternité d’esprit qu’éprouvait Rainer Maria Rilke pour le jeune Franz Xaver kappus lorsqu’il lui écrivait ses « Lettres à un jeune poète »

Bien chaleureusement.
Je vous embrasse.
Prenez soin de vous, et ce en toute sérénité.
Manuel.

vendredi 14 décembre 2012

Barbara chante: "dis, quand reviendras-tu?"

"Celui qui joue le roi sera le bienvenu"


HAMLET
Pourquoi avez-vous ri, alors, quand j’ai dit : L’homme n’a pas de charme pour moi?
ROSENCRANTZ
C’est que je me disais, monseigneur, puisque l’homme n’a pas de charme pour vous, quel maigre accueil vous feriez aux comédiens que nous avons accostés en route, et qui viennent ici vous offrir leurs services.
HAMLET
Celui qui joue le roi sera le bienvenu: Sa Majesté recevra tribut de moi; le chevalier errant aura le fleuret et l’écu; l’amoureux ne soupirera pas gratis; le personnage lugubre achèvera en paix son rôle; le bouffon fera rire ceux dont une toux sèche chatouille les poumons; et la princesse exprimera librement sa passion, dû le vers blanc en être estropié... Quels sont ces comédiens?
ROSENCRANTZ
Ceux-là mêmes qui vous charmaient tant d’habitude, les tragédiens de la Cité.
HAMLET
Par quel hasard deviennent-ils ambulants? Une résidence fixe, et pour l’honneur et pour le profit, leur serait plus avantageuse.
ROSENCRANTZ
Je crois qu’elle leur est interdite en conséquence de la dernière innovation.
HAMLET
Sont-ils aussi estimés que lorsque j’étais en ville? Sont-ils aussi suivis ?
ROSENCRANTZ
Non, vraiment, ils ne le sont pas.
HAMLET
D’où cela vient-il? Est-ce qu’ils commencent à se rouiller?
ROSENCRANTZ
Non, leur zèle ne se ralentit pas; mais vous saurez, monsieur, qu’il nous est arrivé une nichée d’enfants, à peine sortis de l’œuf, qui récitent tout du même ton criard, et qui sont applaudis avec fureur pour cela; ils sont maintenant à la mode, et ils clabaudent si fort contre les théâtres ordinaires (c’est ainsi qu’ils les appellent), que bien des gens portant l’épée ont peur des plumes d’oie, et n’osent plus y aller.
HAMLET
Comment! Ce sont des enfants? Qui les entretient? D’où tirent-ils leur écot? Est-ce qu’ils ne continueront pas leur métier quand leur voix aura mué? Et si, plus tard, ils deviennent comédiens ordinaires (ce qui est très probable, s’ils n’ont pas d’autre ressource), ne diront-ils pas que les auteurs de leur troupe ont eu grand tort de leur faire diffamer leur futur gagne-pain?

CLAUDIUS, roi de Danemark.
HAMLET, fils du précédent roi, neveu du roi actuel.
ROSENCRANTZ, courtisan.
William Shakespeare (1564-1616). Poète et dramaturge anglais.

mercredi 12 décembre 2012

Suite Françoise Sagan

Photographie de Tchékhov en 1901

Vâria
Douniâcha, du café, vite ! Mère demande du café.
Douniâcha
Tout de suite.
                                                                    (Elle sort.)
Vâria
Enfin nous voilà arrivées, dieu merci !te voilà revenue ! (la caressant.) Ma chérie est revenue, ma belle !
Ania
Ce que j’en ai vu, Vâria !
Vâria
Je me figure.
Ania
Quand je suis partie, cette semaine d’avant Pâques, il faisait très froid. Charlotte toute la route n’a cessé de parler, et de faire des tours de passe-passe…  pourquoi m’as-tu empêtrée de cette Charlotte, Vâria ?
Vâria
A dix-sept ans, tu ne pouvais pourtant pas t’en aller toute seule à l’étranger.
Ania
Nous arrivons à paris, il faisait froid ; il y avait de la neige. Je parle atrocement le français. Maman habite le cinquième étage. Je trouve chez elle des français, des dames, un vieux prêtre, tenant un livre. Partout de la fumée de tabac ; aucun confort… j’ai eu soudain pitié de maman ; j’ai pris sa tête dans mes mains et ne pouvais plus la lâcher. Puis, maman m’a caressé, a pleuré…
Vâria, les larmes aux yeux.
Tais-toi, ne racontes plus !

Anton Tchékhov
La Cerisaie. (Extrait)

mardi 11 décembre 2012

Grand salon des ambassadeurs.




Un accident tragique.

Un sans domicile fixe a trouvé la mort ce vendredi soir vers 20 heures à Nice dans des circonstances tragiques.
Publié le vendredi 07 décembre 2012 à 22h18
Il a été écrasé accidentellement par un automobiliste qui pénétrait dans le parking* de sa résidence. Le malheureux a été tué sur le coup.
Les faits sont survenus rue Deudon derrière le centre commercial Nice-Etoile. Lorsque le conducteur a ouvert la porte télécommandée, le parking n’étant pas éclairé et le Sdf étant vêtu de sombre, il ne l’a pas vu. Lorsqu’il s’en est rendu compte, il était hélas trop tard.
Les sapeurs-pompiers n’ont rien pu faire. Selon les premiers éléments recueillis par la Police Nationale, la victime est un Français d’une quarantaine d’années qui fréquentait le quartier depuis une dizaine d’années.
* Il faut savoir que de nombreux sans domicile fixe se réfugient la nuit dans les parkings couverts ou souterrains pour y trouver un refuge.

lundi 10 décembre 2012

Christophe Béhague



Un nombre incalculable de pleurs.

Il y a
Dans le caniveau
Après la pluie
Une lune
Ruisselante.
En pleurs
Dans le canal
Vers minuit.
Dans le canal
Vers minuit
Il y a les belles mains
D’un homme seul
Qui boit
Saez Damien.
Ses larmes.
Il y a
Au cinquième étage
D’un immeuble
Si près du chenal
Une femme
Qui voit
Un homme pleurer
Et boire des larmes de pluies


.

La république des ivres, pas encore morte ?

Une proposition de Cactus.Joé02.

"À trop butiner, le risque est de se voir lutiné(e) tendrement, n'est-il pas ? sissi ! "
Qu'entends-je par là en fait de mon moi ? embarqué à la fois par mon et moi et mon émoi ce Décembre de crise, je me suis laissé emporter par plusieurs portées, l'une musicale, l'autre écritale , une autre encore vidéothécale sans oublier la phototécale ! Manque juste Sophie avantageusement remplacée par Zoë qui telle Lucie, dix de der ou pas, n'en manque pas, d’air, conditionnée qu'elle est bien sûr par ses beaux yeux azurs : absurde, Annie Pâle, Annibal ? Je vous laisse mes seul(e)s juges ! (à Absurdanipal* qui fonda à Ninive une bibliothèque dans laquelle il recueillit l'ensemble de la littérature cunéiforme disponible, que j'admire encore.)
http://oss118.blogspot.fr/

*Assurbanipal ou Ashurbanipal, roi d'Assyrie de 669 av. J.-C. à 627 av. J.-C., fils du roi Assarhaddon, fut le dernier grand roi de l'Assyrie antique. Son nom, Aššur-ban-apli, signifie « Assur a donné un fils héritier ».
Ce personnage est connu comme l'un des rares souverains de son temps sachant lire et écrire. La sculpture assyrienne atteignit son apogée sous son règne (Palais nord et sud-ouest de Ninive). Pour les Grecs, qui le connaissaient sous le nom de Sardanapal(l)os — d'où la forme latine Sardanapal(l)us—, c'était le symbole d'un homme puissant menant une vie luxueuse et dissolue, d'où le sens de « débauché » pris en français par le terme sardanapale. Dans la Bible, il est appelé As(e)nappar ou Osnapper (Ezra 4:10).

vendredi 7 décembre 2012

L'autre jardin


Chambre N° 282


Minuit venait de sonner à l’horloge de l’Elysée-bourbon. Assis dans l’embrasure d’une fenêtre, et caché sous les plis onduleux d’un rideau de moire, je pouvais contempler à mon aise le jardin de l’hôtel ou je passais la soirée. Les arbres, imparfaitement couverts de neige, se détachaient faiblement du fond grisâtre que formait un ciel nuageux, à peine blanchi par la lune. Vus au sein de cette atmosphère fantastique, ils ressemblaient vaguement à des spectres mal enveloppés de leurs linceuls, image gigantesque de la fameuse danse des morts. Puis  en me retournant de l’autre côté, je pouvais admirer la danse des vivants ! Un salon splendide, aux parois d’argent et d’or, aux lustres étincelants, brillant de bougies. Là, fourmillaient,  s’agitaient et papillonnaient les plus jolies femmes
Extrait de « Sarrasine »
De Balzac
Editions Libretti
Coût 1,50€

Le bonheur par indifférence.


Si le sage est heureux, c’est parce qu’il est débarrassé du bonheur commun, tout autant que du malheur.

Roger-Pol Droit : Les Héros de la sagesse aux éditions Flammarion.
Coût 9€.

jeudi 6 décembre 2012

Espitre


[Epître à mes amis]
Aiez pictié, aiez pictié de moy,
A tout le moins, s'i vous plaist, mes amis !
En fosse giz, (non pas sous houx ne may),
En cest exil ouquel je suis transmis
Par Fortune, comme Dieu l'a permis.
Filles amans jeunes gens et nouveaulx,
Danceurs, saulteurs, faisans les piez de veaux,
Vifs comme dards, agus comme aguillon,
Gousiers tintant clair comme gastaveaux,
Le lesserez là, le povre Villon ?


Chantres chantant à plaisance, sans loy,
Galans riant, plaisants en faiz et diz,
Coureux alans francs de faulx or, d'aloy,
Gens d'esperit, un petit étourdiz,
Trop demourez, car il meurt entandiz.
Faiseurs de laiz, de motés et rondeaux,
Quand mort sera, vous lui ferez chaudeaux !
Où gist, il n'entre n’escler ne tourbillon :
De murs espoix on lui a fait bandeaux.
Le lesserez là, le povre Villon ?


Venez le voir en ce piteux arroy,
Nobles hommes, francs de quart et de dix,
Qui ne tenez d'empereur ne de roi,
Mais seulement de Dieu de paradiz ;
Jeûner lui faut dimenches et merdiz,
Dont les dents a plus longues que ratteaux ;
Après pain sec, non pas après gasteaux,
En ses boyaux verse eaue à gros boullon ;
Bas en terre, table n'a ne tresteaux.
Le lesserez là, le povre Villon ?


Princes nommez, anciens, joulvenciaulx,
lmpetrez moy grâces et royaux sceaux,
Et me montez en quelque corbillon.
Ainsi le font, l'un à l'autre, pourceaux,
Car, où l'un brait, ils fuyent à monceaux.
Le lesserez là, le povre Villon ?
François Villon (1431 ?)


« Villon joue avec une langue qui n’est plus la nôtre, déformant les noms des personnes, des lieux, multipliant les double sens, les clés de lecture. Ca semble souvent drôle, méchant et sacrément bien troussé. L’appareil de notes s’avère utile (selon l’édition, l’orthographe peut également être plus ou moins modernisée).
J’ai retenu cette épître car Villon y évoque avec beaucoup d’ironie le triste sort qui fut le sien. Malgré l’outrance de l’appel à l’aide qui peut et qui doit faire sourire, malgré les attaques perfides auxquelles Villon se livre contre ses amis, contre ses ennemis, on devine dans ces vers le portrait sans pudeur d’une époque qui ne fut certainement pas tendre avec ses misérables.
Villon fut, peut être malgré lui, le représentant de cette foule d’anonymes crevant de faim et de froid. C’est sans doute tout aussi naïf que d’en faire une canaille héroïque, maltraitant les convenances et les institutions mais qu’importe...c’est l’image que je veux garder de mon « pauvre» Villon... »



Heinrich Schütz (1585-1672) : Motet « Sept paroles de la croix »
Musopen (Musique libre de droit)

lundi 3 décembre 2012

Au deuxième étage, le petit café concert des "Trois lézards" présente:

"Fiesta por Bulerías"
Avec :

Lebrijano, Fosforito, María Vargas, Chaquetón, Fernando Quiñones, José Menese, Carmen Linares, Merche Esmeralda, Carmen Mora, Paco Cepero, Luis y Juan Carmona "Habichuela", Enrique de Melchor

Ah ! Tu voulais une chanson… Pour ton nombril.

Chambre N° 60

Dehors, passent deux clochards.

20 minutes après,  les mêmes...
                                   Il est 10h28 ; les mêmes…
                                                                         Puis;

RAYMOND.- Si on n’avait pas la gare, où est ce qu’on irait
THEODULE.- Dans un endroit.
RAYMOND.- La gare c’est quand même mieux qu’un endroit.
THEODULE.- C’est plus vivant.
RAYMOND.- C’est pas comme une famille.
THEODULE.- Ah ! Non, c’est pas comme.
RAYMOND.- Ah ! Oui ! Sans la gare où on irait ?
THEODULE.- Tout le monde s’en va.  Revient. Repart. Nous, on n’est pas des nomades. On est des citadins. De choix.
RAYMOND.- Avant… il y a longtemps… avant dans les gares, il y avait une odeur.
THEODULE.- Une odeur de gare.
RAYMOND.- Plutôt une odeur de train.
THEODULE.- Je dirai même une odeur de locomotive.
RAYMOND.- Oui c’est ça…
THEODULE.- Une odeur, Raymond, si tu te souviens, de jambon fumé…
RAYMOND.- … de vieux jambon…
THEODULE.- Et en plus comme une odeur de jupon de femme qui s’a assise  sur de la cendre chaude.
RAYMOND.- T’as déjà rencontré une femme qui s’assoit sur de la cendre chaude ?
THEODULE.- j’ai dit « comme ». J’ai pas dit qu’elle s’a assise, j’ai dit « comme » une qui s’a assise.
Geste qui signifie que la suite... c’est ce qui précède !


Les clochards (extrait)
Les pas perdus
De Denise Bonal
A lire, à jouer, sans modération.
Editions théâtrales
Prix : 13,95 €

Dans le hall de l’hôtel… Une affiche :

dimanche 2 décembre 2012

Le nombril, chambre N° 7


Le nombril

Fameux cordon que celui du nombril ;
Je le sais sourcilleux, agacé ou expansif,
gai à se plier de rire.
Egoïste,  à se défaire d’une alliance
J’ai peu vu de nombrils

Ah ! Si
Des boutons gros, petits, moyens ; convexes comme des escargots,
Des en colimaçons, plus pressés  secrets et moins expansifs,

A ce moment-là, ta tête était rieuse, sympathique à en mourir d’amour.
Et si affectueusement brune dans des mains hagardes.

C’est beau un nombril amoureux dans la vague d’un corps amoureux.
Ce frémissement de toi sous ta peau, et sur les ailes de ta peau

Le monde est déconcertant,
Je suis déconcertant
Ton corps tout notre amour est déconcertant
Et ton nombril salé.

Sous ta peau il y a ton domaine de chaire
Avec ses écritures
Et sous mes doigts te caressant un
Moi, je.


samedi 1 décembre 2012

Nouveau théâtre des "Vieilles vieilleries": avec Thomas Dutronc.



Angelo Debarre et… Ses amis dont Thomas Dutronc. Nous vous souhaitons une bien jolie soirée.
Angelo Debarre (guitare), Ludovic Beier (accordéon), Tchavolo Hassan (guitare rythmique), Antonio Licusati (contrebasse), Marius Apostol (violon), Ioan Streba (clarinette), Invité: Thomas Dutronc - David Reinhardt - Rocky Gresset.



Chaque chambre a sa salle de bains. Avec ou sans baignoire.

Mobilier: Intérieur de la maison Gaudi (la Pedrera) à Barcelone.

Grand salon des ambassadeurs

Avec l'abbé Pierre.

Résumé :           
 Alors que l'hiver 1954 est particulièrement rigoureux, l'abbé Pierre lance un appel en faveur des sans-logis et déshérités et organise des collectes de vêtements et de nourriture pour les plus démunis. janvier 1954, l'ancien maquisard Henri Grouès, surnommé l'abbé Pierre, publie une lettre ouverte dans Le Figaro où il raconte comment un bébé était mort de froid dans la nuit, au moment où le gouvernement refusait d'accorder des crédits pour la construction de cités d'urgence. Alors que les rigueurs de l'hiver 1954 ne cessaient de s'accentuer, l'abbé Pierre multiplie les appels, notamment sur les ondes de radio Luxembourg, en faveur des sans-logis et des déshérités. Avec la communauté d'Emmaüs qu'il a fondée à Neuilly-Plaisance, il organise une grande campagne de collecte de vêtements et de nourriture et appelle les Français à une "insurrection de la bonté". Cette campagne de l'abbé Pierre déclencha un formidable mouvement d'opinion et fit du fondateur d'Emmaüs un personnage particulièrement populaire. Elle rappelle également que les inégalités sociales restaient particulièrement importantes au début des années cinquante, malgré les débuts de la croissance économique, et que la crise du logement léguée par la guerre n'était pas encore complètement résolue. Éclairage média Sur fond de musique nostalgique, le reportage possède une dimension dramatique importante. Les images montrent la quasi-impossibilité des sans-abris de se réchauffer quelque peu alors que l'hiver est particulièrement rigoureux (neige à Paris, Marne gelée...). Pour donner un aspect plus dramatique à l'action de l'abbé Pierre (discours, visite aux sans abris, organisation de collecte de vêtement...), les images sont tournées de nuit. Le reportage se termine sur un véritable appel à la solidarité des Français.