Notre salon Arletty: dès le début des années 1930, Arletty est devenue une figure érotique, ce dont témoigne ce portrait de Moïse Kisling, datant de 1933. Crédits : © Moïse Kisling / ADAGP, Paris 2012 / Photo © Studio Monique Bernaz, Genève.

mercredi 30 janvier 2013

Dans la chambre d’à côté N° 163


Un poème en larmes.
              ...
Je me disais alors, je leur disais, je vous disais :
Je vous en prie, laissez-moi  le temps,
Encore,
Encore et encore
Encore un peu de temps pour pleurer mieux.
Encore
Encore et encore
Je n’ai pas encore pleuré.

ô


Manuel
Qu’êtes vous généreux dans vos :
Ô
Très Chère
Je vous embrasse
Votre
Moi je ne sais faire
Vous haïssez, je haïs non !!!
Je titille, j'agace, je pique c'est ainsi
Pas de réponses à ...
Gardez vos énigmes.
Je n'ai pas encore sévi pour confectionner
vos délicieuses "idioties" chocolatées
je ne suis pas fortiche en dessert,
Aujourd’hui « Karambole » avec Suzy, c'est mon programme
Fête oblige
Manuel ce matin donc, vous ne voulez rien livrer
Vous préférez "essayez de comprendre"
Cela me plait
mais "Arnaud Desjardins" parfois me fait frémir
" Soyez un avec l’autre, ne laissez plus l’écran de votre ego s’interposer entre l’autre et vous". Je ne peux y adhérer.
Rassurez-vous, c'est sur une musique, grâce à vous,
d' Angelo Debarre - Thomas Dutronc « Manoir de Mes Rêves »
Oui une petite merveille cette veillée manouche de 59 minutes,
que je resterai attentive tout au long du jour.
GeM

mardi 29 janvier 2013

Essayons de comprendre.


"Ne jugez pas, sinon vous ne sortirez pas du monde du jugement, vous jugerez les autres, vous vous jugerez vous-mêmes, vous jugerez tout, la pluie et le beau temps.
Renoncez à la justice habituelle et essayez de comprendre. Avant l’amour vient la compréhension : la compréhension qu’en effet des lois psychologiques font que les êtres agissent comme ils agissent, sont déterminés et conditionnés à agir comme cela. Tels qu’ils sont ils ne peuvent pas agir autrement. Idéalement et en théorie, oui, mais il faudrait qu’ils aient une autre éducation, un autre inconscient et d’autres glandes endocrines.
Soyez un avec l’autre, ne laissez plus l’écran de votre ego s’interposer entre l’autre et vous".
Arnaud Desjardins.

lundi 28 janvier 2013

A la chocolaterie de l'hôtel.

Intérieur de la "Granja Viader" à Barcelone (chocolaterie)

Pour faire d'excellentes truffes !
Achetez-moi vite fait 150gr de chocolat de votre choix s’il vous plait à 69% de cacao (hum miam-miam).
Prenez une "caserole" versez y 110gr de crème liquide (la moins allégée possible, donc bien grasse) Quelle grâce!
Et si je puis m'exprimer ainsi dans la foi, par mon foie mon dieu! Ne pas oublier les 20gr de beurre (ô punaise !)
Porter à ébullition la crème (mais avec soin cette mise en « bulle bouillante ».)
Versez-y le chocolat qui va fondre et les 20gr de beurre.
Aaaaah!
Puis touillez doucement, avec envie, avec extase; presque amoureusement vôtre pâte.
Versez la lave chocolatée dans un moule carré ou rectangulaire creux de 3 à 4 cm pour faire de ce conglutina onctueux un moelleux chocolaté que vous découperez après l'avoir laissé se reposer une trentaine de minutes .
Alors, presque assoupi, (le chocolaté) après l'avoir façonné en petits cubes (une centaine environ) vous roulerez ceux-ci dans la paume de vos mains pour en faire vos délicates et délicieuses truffes.
Enfin faites rouler les truffes sur un poudrage de bon cacao ; d'écorces d'oranges, de vanille ; que sais-je...
Goûtez à deux ou à plusieurs mais toujours en amoureux, en amitié vos truffes que vous verserez ensuite dans des ballotins afin, de les offrir à vos amis. (N'oubliez pas le concierge de l'hôtel) ou présentez les sur le comptoir de la réception dans une corbeille joliment et joyeusement décorée.
Pour rappel:
 Il est strictement interdit de confectionner des truffes dans votre chambre.
Non?!
Si!

Des truffes, des chocolats gouteux:
A L'Etoile d'Or
Chez Denise Acabo
30 Rue Pierre Fontaine  75009 Paris
01 48 74 59 55

mercredi 23 janvier 2013

Petit salon de musique Guillaume Depardieu.

Tous les matins du monde

Tous les matins du monde est un roman écrit par Pascal Quignard et publié en 1991. Il est adapté la même année au cinéma sous le même titre par Alain Corneau. L'écriture du roman-scénario est de de Pascal Quignard.


lundi 21 janvier 2013

L'autre jardin


La scène est à la campagne comme précédemment


Eglé, regardant. Ah ! Carise, approchez venez voir, il y a quelque chose qui habite dans le ruisseau qui est fait comme une personne, et elle parait aussi étonnée de moi que je le suis d’elle.
Carise, riant. Eh ! Non, c’est vous qui vous y voyez, tous les ruisseaux font cet effet là.
Eglé. Quoi ! C’est à moi, c’est mon visage ?
Carise. Sans doute.
Eglé. Mais savez-vous bien que cela est très beau, que cela fait un objet charmant ? Quel dommage de ne pas l’avoir su plus tôt !
Carise. Il est vrai que vous êtes belle.
Eglé. Comment, belle, admirable ! Cette découverte m’enchante (elle se regarde encore.)
Le ruisseau fait toutes mes mines, et toutes me plaisent. Vous devez avoir eu bien du plaisir à me regarder Mesrou et vous. Je passerais ma vie à me contempler ; que je vais m’aimer à présent !
Carise. Promenez vous à votre aise, je vous laisse pour rentrer dans votre habitation, où j’ai quelque chose à faire.
Eglé. Allez, allez, je ne m’ennuierai pas avec le ruisseau.

La dispute
Marivaux (1688-1763)
www.librio.net
Coût 2€uros

dimanche 20 janvier 2013

A Stane.


Bonsoir !
Je patauge, je hennis, je… Renâcle, je renifle ; je brai,
Suis de garde ce weekend, auprès d’une Grand-mère centenaire 
(cousine d’Attila).
Batterie d’auto fichue enrhumée comme à chaque hiver, comment vais-je faire pour  me déplacer mardi prochain ?
Eh ben zut.
En réalité je m’en fou ! Et c’est tant mieux.
Youpi-Youpa ! Ah !
En cadence, en dansant.
Je vous embrasse chacun très fort !
Bises MON
Stane.
Bises à Florence

Tiens, prenez une chambre d’hôtel ici ; demandez le concierge.

Que du beau linge.
J’ai des crevettes aux doigts.

Eugène Ferdinand Victor Delacroix Attila (fragment).


mercredi 16 janvier 2013

La grande galerie Léona présente: « Le point » de Marylin Rolland


Apres avoir présenté l’œuvre vive de Rémi lombardot ; son magnifique travail, voici l’extraordinaire et singulier ouvrage d’art que sont entre autres les vidéos (planches d’architecture) de Marylin Rolland.

lundi 14 janvier 2013

L'autre jardin.

Copyright: Circo de los Muchachos (Orense) 
Espagne.

Le déserteur


Elle.- Tu veux une mèche de cheveux ?
Lui.- Pour quoi faire ?
Elle.- Pour te protéger.
Lui.- (est surpris ; les filles ont des idées qu’on ne saisit pas toujours)
Comme tu veux.
Elle.- (sort de son sac de petits ciseaux, coupe une mèche de ses cheveux et la lui donne ; il la garde entre ses mains…) Place-là dans ton portefeuille.
Lui.- j’ai un porte-monnaie.
Elle.- Attends, j’ai une idée.
Elle s’échappe.
Lui.- (regarde la mèche) J’avais jamais vu qu’elle était aussi blonde.
Passe un officier à qui il fait le salut militaire.
Elle.- (revient en courant ; elle ouvre une petite boite) prends. Il faut manger tous les bonbons si on veut se servir de la boite.
Lui.- (prend une poignée de bonbons ; a du mal à parler) on ne pourra pas tout manger.
Elle court à l’autre bout de la gare et verse ce qui reste de bonbons dans les mains des clochards        et revient vers lui. Elle lui tend la boite. Il y dépose la mèche.
Ça va être tout collé.
Elle- Tant mieux… tu ne la perdras pas…
Elle éclate en sanglots. Il la prend contre lui.
J’entends ton cœur…
Lui.- (bas) il est à toi.
Elle.- On raconte que toujours… on vous emmène dans des bordels.
Lui.- Je n’irai pas : j’ai ta photo sur moi.
Elle.- j’aime tellement dormir dans tes bras.
Lui.- Ne  dis pas cela…
Elle.- Je veux être ta femme.
Lui.- Dès que je reviendrai.
Elle.- J’ai trop peur pour toi…
Lui.- Ne dis pas cela.
Elle.- Pour nous deux.
Lui.- Viens !
Il ramasse son balluchon.
Elle- (regardant le tableau) Ce n’est pas encore l’heure.
Lui.- On rentre.
Elle.- Tu vas être déserteur ?!
Lui.- On verra…
Ils partent enlacés. Tristes. Si tristes. Adam et Ève chassés.


Le déserteur (extrait)
Les pas perdus
De Denise Bonal
A lire, à jouer, à goûter sans modération.
Editions théâtrales
Prix : 13,95 €





Un des ressorts fondamentaux de la poésie est de se servir des mots pour aller au-delà d’eux


Il y a dans l’usage que font les sages de la parole une tentative de transmettre des pensées qui excédent le langage. Ils cherchent à faire craquer les termes de la langue, les retournant contre eux-mêmes, les entrechoquant les uns aux autres, les faisant jouer entre eux d’une manière très proche de celles des poètes. Un des ressorts fondamentaux de la poésie est de se servir des mots pour aller au delà d’eux, ailleurs que là ou ils semblent mener.

Roger-Pol Droit : Les Héros de la sagesse aux éditions Flammarion.
Coût 9€.

lundi 7 janvier 2013

Suite Françoise Sagan


PERSONNAGES
RANIEVSKAÏA LIOUBOV ANDRÉÏEVNA, propriétaire.
ANIA, sa fille, dix-sept ans.
VARIA, sa fille adoptive, vingt-quatre ans.
GAÏEV LÉONID ANDRÉÏEVITCH, frère de Mme Ranievskaïa.
LOPAKHINE ERMOLAÏ ALEKSÉÏEVITCH, marchand.
SIMEONOV-PICHTCHIK BORIS BORISSOVITCH, propriétaire.
FIRS, valet de chambre, quatre-vingt-sept ans.



LOPAKHINE. – Oui, le temps passe.
GAÏEV. – Quoi ?
LOPAKHINE. – Je dis le temps passe.
GAÏEV. – Ici, ça sent encore le patchouli.
ANIA. – Je vais aller dormir. Bonne nuit, maman.
(Elle embrasse sa mère.)
MME RANIEVSKAÏA. – Chère petite adorée. (Elle lui
baise les mains.) Tu es heureuse d’être à la maison ! Moi, je n’en reviens pas encore.
ANIA. – Bonjour, mon oncle.
GAÏEV, (il l’embrasse et lui baise les mains.) – Dieu te garde, mignonne ! Comme tu ressembles à ta mère ! (À Mme Ranievskaïa.) À son âge, Liouba, tu étais exactement ainsi.
(Ania tend la main à Lopakhine et à Pichtchik. Elle sort et ferme la porte derrière elle.)
MME RANIEVSKAÏA. – Elle est très fatiguée.
PICHTCHIK. – C’est que le voyage est long.
VARIA, à Lopakhine et Pichtchik. – Messieurs, il est
trois heures, il faut se retirer.
MME RANIEVSKAÏA, riant. – Toujours la même, Varia.
(Elle l’attire à elle et l’embrasse.) Je vais prendre mon café
et nous nous en irons tous dans nos chambres. (Firs lui
glisse un tabouret sous les pieds) Merci, mon bon. J’ai
pris l’habitude du café. J’en bois jour et nuit. Merci, Firs.
(Elle lui baise le front.)
VARIA. – Il faut aller voir si tous les bagages sont là.
MME RANIEVSKAÏA. – Est-il possible que je sois ici !
(Elle rit.) Je voudrais sauter, battre des mains… (Elle se
couvre le visage de ses mains.) Est-ce que je ne rêve
pas ?… Dieu le sait, j’aime tendrement mon pays ! Je ne
pouvais regarder par la portière sans pleurer… (Elle
pleure.) Allons, il faut prendre notre café ! Merci, Firs ;
merci, mon bon. Je suis si heureuse de te retrouver en vie.

Anton Tchékhov
La Cerisaie. (Extrait)

J’ai donc revu Christophe trois jours après Noël.

Ce vendredi là, nous avons cherché un hôtel pour y passer la nuit, pour y reposer Christophe et son corps ; tout son être. Nos chambres étaient contigües, individuelles, petites mais confortables. Rue du Maine, Hôtel Central. Auparavant nous avons laissé ses bagages  à la consigne gare saint-Lazare, un vrai parcours du combattant au passé du portail électronique.
Apres avoir réservé nos deux chambres d’hôtel, vers quatorze heures trente, nous sommes allés déjeuner. Avons commandé deux bonnes tranches de rôtie de bœuf et un fort goûteux gratin de pâtes dans un restaurant fort agréable et quasiment  désert.
Le repas terminé, nous sommes rendus de nouveau à l’hôtel. Christophe s’y est reposé longuement, deux heures et demie sans doute. Quant à moi Jai fait une sieste, et lu un court instant.
Christophe vit sans montre.
Je le réveillais sur sa demande vers dix-huit heures, nous nous proposions d’aller au cinéma à Montparnasse voir un film en trois dimensions intitulé : L’odyssée de Pi, Adapté du best-seller de Yann Martel
Mais Christophe était fatigué ; après une douche, je lui fis des soins dans le cou mordu par des insectes.
Nous décidâmes vers dix neuf heures d’aller diner. Christophe avait choisi de nous emmener boulevard du Montparnasse (non loin de la Coupole) dans  un petit restaurant japonais ne payant pas de mine mais bien agréable au demeurant.
Nous commandions à manger sans excès, sans compter, à notre goût. Nous mangeâmes de bon appétit. Joyeusement !
Nos singularités éclairaient sans aucun doute ces quatre petites tables rondes qu’à nous deux on nous invita à  occuper ; avec les deux autres chaises qui nous servirent de vestiaire et de garde chapeau pour ce qui me concerne.
Nous nous observions amusés, heureux, de partager ensemble tous ces instants. Une nouvelle fois, comme chaque semaine nous nous sommes retrouvés.
Parfois l’éclat enchanté de l’un ou de l’autre ; puis soudaine une confidence comme un jeu, animaient de façon radieuse le repas.
Nous connaissions chacun la particularité indéfinissable de ces instants renouvelés après notre première rencontre sur le macadam.
Nous quittâmes le restaurant vers dix heures.
Nous remontions par la rue « bretonne » jusqu’à l’hôtel.
Christophe, reprit une douche, une très longue douche. J’attendais au moins une demi-heure dans ma chambre à regarder du cirque à la télévision  sur « Arte » en attentant qu’il m’invita à le rejoindre pour lui prodiguer à nouveaux des soins.
Je les lui fis. Énervants pour lui ; angoissants et parfois douloureux
Christophe s’abandonnait las et souffrant à mes mains d’homme et de soignant.
Nous avions huit heures pour dormir
Au matin baigné de nuit, je le réveillais à huit heures pour le rejoindre dans sa chambre une demi-heure après.
J’avais décidé que nous prendrions notre petit déjeuner à l’hôtel et non pas à l’extérieur comme je l’avais proposé hier.
Les petits déjeuner le fait est là, son plus copieux à l’hôtel et pas plus chers qu’à la terrasse d’un café.
Vers neuf heures trente, nous quittâmes notre lieu de résidence, nous étions sombres et peut-être déjà séparés l’un de l’autre.
Nous regagnâmes la gare Montparnasse,
La consigne avec son énorme casier
Nous montâmes au premier étage dans un lieu d’attente pour voyageurs où, sur trois bancs Christophe assis sur l’un deux ;  par terre nous étendions et fîmes l’échange des effets propres et sales.
Je serrai sa main droite fortement dans la mienne, et je recouvrais nos deux mains de ma main gauche chaleureusement, doucement, comme une caresse.
C’est ainsi que je laissais ce samedi matin Christophe
Le 29/12/2012.

Grand salon des ambassadeurs: "une bagarre aurait éclaté entre plusieurs sans abri "


Saint-Denis
Un sans domicile fixe retrouvé mort à l’église Saint-Jacques, 
Faits Divers:
Un SDF meurt derrière l’église Saint-Jacques
Publié : dimanche 6 janvier 2013 à 10:01 - Modifié : 6/01/2013 à 21:19
 Le cadavre d’un sans abri a été découvert dans la cour de l’église Saint-Jacques à Saint-Denis, dans la nuit de samedi à dimanche.
Le corps sans vie d’un sans domicile fixe a été retrouvé par la police dans la cour de l’église Saint-Jacques. Le curé a identifié l’homme d’une soixantaine d’année, il s’agirait d’Auguste Trulès.
Le drame s’est déroulé dans la cour de l’église Saint-Jacques, dans la rue Magallon. Le corps a été trouvé à 3 heures du matin. La police était déjà sur les lieux lorsque le curé a été appelé.
Selon les premiers témoins, une bagarre aurait éclaté entre plusieurs sans abri dans la nuit de samedi à dimanche. Ils se seraient disputés pour une question d’argent.

dimanche 6 janvier 2013

Chambre N° 62. Des mots peints à la salive


"Que les ailes de notre désir de l’autre nous accompagnent encore en susurrant des mots peints à la salive de nos bouches en émoi. Ici point de querelles, l’écoute. La toute parfois endolorie écoute de la vie.
Les lacs son changeants, troubles ou lumineux, nos corps ailes eux aussi, caressent le temps qui passe. Et nus, sous nos draps blancs celui rassemblé de l’un éveille la grâce de l’autre. Nous nous savons à ce moment là éternels". 

jeudi 3 janvier 2013

Chambre N° 25 - Franz Xaver Kappus.


C’était à la fin de l’automne 1902. J’étais assis dans le parc de l’Académie militaire de Wiener-Neustadt, sous d’antiques châtaigniers. Je lisais. Ma lecture me prenait à ce point que je remarquai à peine qu’Horacek, aumônier de l’Académie, homme érudit et bon, venait vers moi. Il me prit des mains le volume que je tenais, contempla sa couverture et hocha la tête : « Poèmes de Rainer Maria Rilke ! » dit-il, songeur. Il feuilleta, parcourut quelques vers, jeta au loin un long regard et conclut : « Ainsi donc l’élève René Rilke est devenu un poète. »
Il m’entretint de Rilke, enfant chétif et pâle. Ses parents, quinze ans auparavant, l’avaient mis au Prytanée militaire de Sankt-Poelten, pour le préparer à la carrière d’officier. Horacek était alors aumônier de cette école. Il se souvenait fort bien de son élève d’autrefois. Rilke était un garçon silencieux, sérieux, très doué ; il se tenait volontiers à l’écart et supportait avec patience le joug de l’internat. Après quatre ans d’études, il passa avec ses camarades à l’École militaire supérieure, qui se trouvait à Maehrisch-Weisskirchen. Mais là, sa constitution devait se révéler par trop faible. Ses parents le retirèrent de l’école pour lui faire poursuivre ses études près d’eux, à Prague. Qu’était, depuis lors, devenue sa vie, Horacek n’en savait rien.
Sitôt après cet entretien, je décidai d’envoyer à Rainer Maria Rilke mes essais poétiques et de lui demander de les juger. Ayant à peine vingt ans, au seuil d’une carrière que je sentais en tout point contraire à mes goûts, je pensais que si quelqu’un devait me comprendre, c’était bien le poète de Mir zur Feier. Presque à mon insu une lettre prit naissance qui accompagna mes poèmes : je m’y ouvrais plus entièrement que je ne l’avais fait et que d’ailleurs je ne devais jamais le faire.
Rainer Maria Rilke
Lettres à un jeune poète (Introduction)
Le livre de poche (environ 5€uros)



Enregistrement du 04/01/2013

mercredi 2 janvier 2013

Détail au printemps de notre jardin de Dionysos errant

Copyright: Manuel Vich.

Le Musée Lenbachhaus, situé à Munich en Allemagne, est un musée municipal située dans une maison de style florentin, ancienne propriété du peintre allemand Franz von Lenbach construite en 1887 and 1891.
Il est essentiellement consacré à l'art moderne et offre notamment une large collection des artistes du Der Blaue Reiter qui réunissait : Wassily Kandinsky, Gabriele Münter, Franz Marc, August Macke, Marianne von Werefkin, and Paul Klee.

Chambre N° 234 : Krapp penché sur un magnétophone.


KRAPP
Viens juste d’écouter une vieille année, des passages au hasard. Je n’ai pas vérifié dans le livre,  mais ça doit nous ramener à dix ou douze ans en arrière— au moins. Je crois qu’à ce moment-là je vivais encore avec Bianca dans Kedar Street, enfin par à-coups. Bien sorti de ça, ah foutre oui ! C’était sans espoir. (Pause.) Pas grand’chose sur elle, à part un hommage à ses yeux. Enthousiaste. Je les ai revus tout à coup (Pause.) Incomparables ! (pause.) enfin…  (Pause.) Sinistres ces exhumations, mais je les trouve souvent— (Krapp débranche l’appareil, rêvasse, rebranche l’appareil) – utiles avant  de me lancer dans un nouveau… (Il hésite)… retour en arrière ; difficile de croire que j’aie jamais été ce petit crétin. Cette voix ! Jésus ! Et ces aspirations ! (bref rires auquel Krapp se joint.) et ces résolutions. (Bref rire auquel Krapp se joint.) Boire moins notamment. (Bref rire de Krapp seul.) Des statistiques. Mille sept cents heures sur les huit mille et quelques précédentes volatilisées rien que dans les débits de boisson ; plus de 20%, disons 40% de sa vie de veille. (Pause.)

Samuel Beckett (1906 - 1989)
« La dernière bande » Extrait
Aux éditions de minuit