Notre salon Arletty: dès le début des années 1930, Arletty est devenue une figure érotique, ce dont témoigne ce portrait de Moïse Kisling, datant de 1933. Crédits : © Moïse Kisling / ADAGP, Paris 2012 / Photo © Studio Monique Bernaz, Genève.

samedi 29 juin 2013

"Paris has got guns and girls"


ARTE Radio Un groupe de collégiens de Londres en visite à Paris fait un tour au studio de la Cité de la Musique. Une heure avant de repartir pour l'Angleterre, ils se livrent à un exercice d'improvisation, voix et percussions. Carte postale d'au-revoir à leurs homologue parisiens du collège Michelet (Paris 19e) qui les avaient accueillis, inspirée par leurs promenades à Montmartre la veille au soir, par temps de brume... Merci à Christophe Rosenberg, qui coordonne les activités pédagogiques du studio son de la Cité de la Musique, de nous avoir transmis ce morceau. Enregistrement : 1999 Réalisation, mixage, montage : Christophe Rosenberg & Damien Philipidhis

lundi 24 juin 2013

Au salon Arletty:


Là, fourmillaient, s’agitaient et papillonnaient les plus jolies femmes de Paris, les plus riches, les mieux titrées, éclatantes, pompeuses, éblouissantes de diamants ! Des fleurs sur la tête, sur le sein, dans les cheveux, semées sur les robes, ou en guirlandes à leurs pieds.
C’était de légers frémissements de joie, des pas voluptueux qui faisaient rouler les dentelles, les blondes*, la mousseline autour de leurs flancs délicats. Quelques regards trop vifs perçaient ça et là, éclipsaient les lumières, le feu des diamants et animaient encore des cœurs trop ardents.
On surprenait aussi des airs de tête significatifs pour les amants, et des attitudes négatives pour les maris. Les éclats de voix des joueurs, à chaque coup imprévu, le retentissement de l’or se mêlaient à la musique, au murmure des conversations ;  pour achever d’étourdir cette foule enivrée par tout ce que le monde peut offrir de séductions, une vapeur de parfums et l’ivresse générale agissaient sur les imaginations affolées.

* Dentelles de soie. Courant d’air.

Extrait de « Sarrasine »
De Balzac
Editions Libretti
Coût 1,50€

vendredi 21 juin 2013

Solstice d'été à l'hôtel: jour de pluie.


Carmen Linares



La vingt-troisième édition du Festival flamenco de Nîmes a apporté une nouvelle preuve que le Sud de la France, et Nîmes en particulier, sont regardés comme des territoires flamencos, non seulement par les Gitans et les enfants de l’immigration espagnole qui y vivent, mais aussi par les plus grands artistes andalous qui adorent s’y produire. Ceux-ci se montrent très sensibles à l’afición qu’ils y sentent. Cette année, la plupart des spectacles ont proposé différentes synthèses de ce qui fait aujourd’hui l’extraordinaire richesse de l’arte flamenco.
C’est à la fin du XVIIIème siècle que remonte l’apparition des premiers cantaores. Dépourvue d’accompagnement musical, leur plainte est nue, sauvage, c’est un cri déchirant, l’expression d’un trop-plein de souffrance, écho des siècles de silence et d’oppression. Toute l’esthétique flamenca est née de ce cri primordial. Aujourd’hui encore, la plupart des cantes débutent par un « ay » douloureux. Au cours du XIXème siècle, un ensemble va peu à peu se constituer, qui regroupera différents palos, (« genres » ou « formes ») définis par un rythme, une harmonie et une humeur spécifiques. Les plus anciens de ces chants, tonás, martinetes, soleares et siguiriyas, constituent ce que l’on appelle le cante jondo (« chant profond »). L’accompagnement à la guitare y est encore rare, souvent réduit à quelques accords. Mais avec la professionnalisation du flamenco, des groupes se forment pour proposer des spectacles plus complets, englobant les trois principales disciplines du flamenco, le chant, la danse et la guitare. Le répertoire s’étend alors.
Depuis les années 70, il s’est en outre ouvert à toutes les modernités musicales et chorégraphiques. Pop, jazz, contemporain, oriental, aucun registre ne lui résiste, sa dynamique propre lui permettant toujours de rester un et multiple à la fois.


mercredi 19 juin 2013

L'autre jardin


Copyright: Raphael Hanart.

Ce qui compte ?

Ce qui compte ? voler, voir la terre de très haut, parler aux cigognes, devenir ouragan ou fouet, flèche, éclair, n’être plus qu’une action continue,  fluide, instantanée, qui ignore ce que veut dire hésiter, trembler, échouer – et même vouloir.

Roger-Pol Droit : Les Héros de la sagesse aux éditions Flammarion.
Coût 9€.

mercredi 12 juin 2013

"De nuit je me suis énamouré"


De nuit je me suis enamouré
Et la lune m'a dupé
La prochaine fois quand je m’enamourerai petite,
Que ce soit de jour en plein soleil.
*
Au bord de la mer
Je dois aller vivre
Pour voir si je vois venir
Le petit bateau de pêche.

Et si je le vois sur les flots,
Sur lui tu dois m’embarquer
Mon amant est jeune marin
Il navigue sur la mer.
*
De sources en rivières,
Je t’aperçois toujours au lavoir
Ensorceleuse de mes yeux
Qui navigue sur la mer

On me dit de t’attendre encore
Mais moi je ne puis attendre
Ensorceleuse de mes yeux,
Qui navigue sur la mer


lundi 10 juin 2013

L'autre jardin


Scène 4
Eglé un instant seule,
Azor parait vis-à-vis d’elle


Eglé, continuant et se tâtant le visage. Je ne me lasse point de moi. (Et puis, apercevant Azor, avec frayeur.) Qu’est-ce que c’est que cela, une personne comme moi ?... N’approchez point (Azor étendant les bras d’admiration et souriant. Eglé continue.) La personne rit, on dirait qu’elle m’admire. (Azor fait un pas.) Attendez… ses regards sont pourtant bien doux… savez-vous parler ?
Azor. Le plaisir de vous voir ma d’abord ôté la parole ;
Eglé, gaiement. La personne m’entend, me répond, et si agréablement !
Azor. Vous me ravissez.
Eglé. Tant mieux.
Azor. Vous m’enchantez.
Eglé. Vous me plaisez aussi.
Azor. Pourquoi donc me défendez-vous d’avancer ?
Eglé. Je ne vous le défends plus de bon cœur.
Azor. Je vais donc approcher.
Eglé. J’en ai bien envie. (Il avance.) Arrêtez un peu… que je suis émue !
Azor. J’obéi, car je suis à vous.
Eglé. Elle obéit ; venez donc tout à fait, afin d’être à moi de plus près. (Il vient.) Ah ! La voilà, c’est vous, qu’elle est bien faite ! En vérité, vous êtes aussi belle que moi.
Azor. Je  meurs de joie d’être auprès de vous, je me donne à vous, je ne sais pas ce que je sens, je ne saurais le dire.
Eglé. Hé ! C’est tout comme moi.
Azor. Je suis heureux, je suis agité.
Eglé. Je soupire.
Azor. J’ai beau être auprès de vous, je ne vous vois pas encore assez.
Eglé. C’est ma pensée, mais on ne peut pas se voir davantage, car nous sommes là.


La dispute
Marivaux (1688-1763)
www.librio.net
Coût 2€uros


mercredi 5 juin 2013

De David Kawan : -Saisons- Chansons un peu tristes - à M.


David Kawan : -Saisons-
Chansons un peu tristes - à M.

Divertimento

Souffle les pavés du canal
Mêle une larme à mon ruisseau
Énumère les heures du bancal
De courants d'air en courants d'eau

Divertimento

Dessine ta main à l'encre noire
Confie ton envie aux impros
Viens dans ma nuit et fais lui voir
Ta frime c'est bien plus que l'ego

Divertimento

Renomme un à un les nuages
Désaxe le ciel au saxo
Effeuille le lit des outrages
Que j'y fasse vriller ton solo

Si seulement nous avions su
Nous défaire de cette évidence
Garder la raison bien en vue
Quand nos corps brûlaient d'inconscience

Si seulement nous n'avions pas
Cru que le désir est sincère
Nous aurions su que cette affaire
N'était que...

Raconte-nous une belle histoire
Fais de la rime sur mon dos
Tes souvenirs d'enfant Mozart
Rejoue-les moi en legato

Divertimento

Pointe de ton pas mon Paris
Accorde une aumône aux moineaux
Ouvre-moi tes sens interdits
Donne ta rue à mon badaud

Divertimento

Incendie-moi et sans le dire
Ton feu de paille à fleur de peau
Peut bien ravager mon empire
Donner ton sang à mes sanglots

Si seulement nous avions fait
Ce que nous disaient les plus sages
Nous aurions compris bien plus tôt qu'il est
Périlleux de croire aux mirages

Si seulement je n'avais plus
Tenté de conjurer le sort
Alors que tu ne faisais que
Céder au...

Encanaille-moi dans le factice
Travestis un dernier tango
Retiens les gestes qui trahissent
Reprends ce qui serait de trop

Divertimento

Vends-moi des toujours à crédit
Laisse passer encore un métro
Pour un baiser comme un répit
Comme un adieu mais sans le mot

Divertimento

Mets donc un point à mon final
Et finalement de là-haut
Regarde-moi dans le banal
Tu pourrais bien me trouver beau

Si seulement je t'oubliais
Comme toi tu le fis aussitôt
Que se perdit notre chemin
Tout en bas de la rue Soufflot

Si seulement j'oubliais tout
Ce qui agite mon cerveau
Pourrais-je moi aussi prendre goût
Pour ce jeu...

Divertimento
Divertimento
Divertimento
Divertimento

"TwinlaÏne" de Benjamin Dubost

A droite, Benjamin Dubost
Copyright?



Un ploc dans l'eau

Haïku

« Paix du vieil étang.
Une grenouille plonge.
Bruit de l'eau. »

(Poète japonais du XVII siècle)