Notre salon Arletty: dès le début des années 1930, Arletty est devenue une figure érotique, ce dont témoigne ce portrait de Moïse Kisling, datant de 1933. Crédits : © Moïse Kisling / ADAGP, Paris 2012 / Photo © Studio Monique Bernaz, Genève.

jeudi 5 décembre 2013

Il se prit à penser aux anges avec une intensité telle que...


C’est Mira Jama qui a raconté cette histoire. « Un jeune étudiant en théologie, du nom de Saufe, vivait à Chiraz. Il était brillamment doué et avait le cœur pur. En lisant et relisant le Coran, il se prit à penser aux anges avec une intensité telle que son âme vivait en leur compagnie, bien plus qu’en celle de sa mère, de ses frères de ses camarades d’études ou de tout autre habitant de Chiraz.
« Il ne cessait de se répéter les paroles du livre sacré : « … par les anges, qui entrainent les âmes des hommes avec violence ; par ceux qui attirent les âmes des autres avec douceur ; par ceux qui planent dans l’air sur l’ordre de Dieu ; par ceux qui précédent et font pénétrer les justes dans le paradis ; et par ceux qui, soumis à Dieu, dirigent les affaires de ce monde en subordonnés. »
«  Le trône de Dieu, se disait-il est sans doute placé trop haut pour que l’œil de l’homme puisse l’atteindre, et l’âme humaine tremble devant lui. Mais les anges radieux se meuvent entre les espaces azurés de Dieu et nos sombres maisons, nos sombres écoles. Nous devrions être à même de les voir et d’entrer en contact avec eux. »
« De toutes les créatures, se disait Saufe, les oiseaux doivent être celles qui ressemblent le plus aux anges. L’Ecriture ne dit-elle pas : « tout ce qui se meut dans le ciel et sur la terre adore Dieu, et les anges font de même. »
« Il est certain que les oiseaux se meuvent à la fois dans le ciel et sur la terre.
« N’est-il pas dit plus loin : « ils ne sont point gonflés d’orgueil pour dédaigner de servir ; ils chantent ; ils font ce qui leur est commandé… »
Les oiseaux font de même sans aucun doute. Si nous essayons d’imiter les oiseaux en tout, nous serons plus semblables aux anges que nous ne le sommes à présent.
«  Mais, en plus de ces choses, les oiseaux sont pourvus d’ailes. Il serait bon que les hommes fabriquent des ailes à leur usage, pour les élever jusqu’aux régions ou règne une brillante et éternelle lumière. »


« Le plongeur »
      (Extrait)
Une nouvelle extraite de :
« Le dîner de Babette »
(1885-1962)
Traduit du danois
Par Marthe Metzger

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