Notre salon Arletty: dès le début des années 1930, Arletty est devenue une figure érotique, ce dont témoigne ce portrait de Moïse Kisling, datant de 1933. Crédits : © Moïse Kisling / ADAGP, Paris 2012 / Photo © Studio Monique Bernaz, Genève.

dimanche 3 janvier 2016

Vous fûtes un homme bon Heynomadin.

(Les années passant)

 Vous vous êtes inquiété de trop près, plutôt trop promptement lorsque vous avez su que nous n’avions que sept degrés dans notre nouveau chez nous, la maison des gardiens.
Voyez-vous Heynomadin, nous, cela ne nous dérange pas ; le moins du monde.

Connaissez-vous le confort par temps de grands froids du duvet de plumes d’oie dans les sacs de couchages, et ce à la belle étoile fin février sous un arbre (un pommier ?) à un rond-point, je ne sais où près de paris ?
Ce fut croyez-moi une de mes plus belles nuits de jeune aventurier. J’avais dix-sept ans.

J’ai peu souvent si bien dormi.

Donc ce soir-là, dans la nuit de samedi à dimanche où vous avez alerté les secours ; les pompiers sont venus, assez inquiets de voir le contenu de ces cinq grandes poubelles en zinc galvanisé ; brûler de fort belle façon.

C’était Noël avant l’heure. Les gosses s’amusaient beaucoup, s’éclataient, et je m’en amusais avec bienveillance.
Les rats dansaient la « Carmagnole » au son des canons de mes « noms de dieu » quelques peu arrosés.
C’était du plus bel effet ! Ce volcan en zinc.

Les soldats du feu, une huitaine superbes, vigoureux et valeureux (avec leurs deux camions) éclatants du rouge aux lèvres, voulurent tout d’abord nous envelopper dans des couvertures de survie :

Vous connaissez le coté brillant or et argent de telles combinaisons…

Théo et Lucas, (mes deux garçons) et moi-même ressemblions un court instant à des arbres de noël « new-look »
Bien mieux à des cosmonautes retombés du haut de nos grandeurs par terre.

- Allons messieurs leur dis-je considérant de façon complaisante du haut de ma petite taille leurs sourcils sombres et fâchés.
- ici tout va bien ! Nous fêtons le départ de « K» le presque squatter de la pelouse de l’hôtel Marigny.

Joignez-vous à nous pour un vin bien chaud tempéré de cannelle (que nous réchauffâmes sur les restes du brasero)
Mais en service et attachés à leurs principes de valeureux guerriers du feu, (comme moi à mes pantoufles) ils ne firent que suçoter à cette délectable boisson avec des mines de premiers communiants ; et ce  en concordance de mouvements et de temps.
Un pour tous ! Tous pour un !

Le reste de la libation fut pour nous.
Enfin, pour moi…
Ah ben non, pour Théo, moi et Lucas.
Nous fîmes aussi griller sur les dernières braises quelques beignes ; je veux dire quelques châtaignes.

Poussâmes l’ancienne chanson bien plus fort encore et à l’unisson, sans oublier la Madelon
Et cela le cœur noble comme un saupiquet relevé de vin et de crème fraiche.

Vingt minutes plus tard, après quelques propos badins ; rassurés, nos beaux et preux soldats nous quittèrent m’offrant leur almanach, et aux z’enfants, quelques bonbons en papillotes.

L’un de nos rats, curieux de nature fit le parcours du cochon dingue d’ici à là-bas dans le tuyau de la lance à incendie enroulé à l’arrière de l’un de leurs camions.

Riri, c’est son nom, nous revint deux heures après transi de froid, trempé comme une loutre.

Enfin voilà. Nous passons en nous souvenant de vous Cher Heynomadin une belle soirée, la plus vieille de l’année dans un nouveau chez nous non loin d’Argenteuil.

Embrassez votre dame pour nous et vos patriotes d’enfants, car comme vous le savez, à la maison c’est papa qui porte la culotte bien nouée au-dessus de ses poignées d’amour, et maman qui tient les cordons de la bourse ! Qu’on se le dise sales mômes (les miens)
Et vas-y que je leur pince l’oreille.

A vos théorèmes escouade de garnements !

Et bonne année Chers amis !

Liberté, égalité ; fraternité dans la joie et la bonne humeur !