LE CHIEN DE BRISQUET
Une légende de L’Eure.
(Suite extrait n°4, 5 et 6)
- Paix, lui dit Brisquette. Ecoute, Biscotine, va jusque
devant la butte pour savoir si ton père ne revient pas. Et toi, Biscotin, suis
le chemin au long de l'étang, en prenant bien garde s'il n'y a pas de piquets
qui manquent. Et crie fort "Brisquet, Brisquet !" ... Paix, la
Bichonne.
Les enfants allèrent, allèrent, et quand ils se furent
rejoints à l'endroit où le sentier de l'étang, vient couper celui de la butte :
- Mordienne, dit Biscotin, je retrouverai notre pauvre père
ou les loups m'y mangeront.
- Pardienne, dit Biscotine, ils m'y mangeront bien aussi.
Pendant ce temps-là...
Brisquet était revenu par le grand
chemin de Puchay, en passant à la Croix aux Ânes, sur l'abbaye de Mortemer,
parce qu'il avait une hottée de cotrets à fournir chez Jean Pasquier.
- As-tu vu nos enfants ? lui dit Brisquette
- Nos enfants ? dit Brisquet. Nos enfants ? Mon dieu !
Sont-ils sortis ?
- Je les ai envoyés à ta rencontre jusqu'à la butte et à
l'étang, mais tu as pris un autre chemin.
Brisquet ne posa pas sa hache. Il se mit à courir du côté de
la butte.
- Si tu menais la Bichonne ? lui cria Brisquette
La Bichonne était déjà bien loin. Elle était si loin que
Brisquet la perdit bientôt de vue. Et il avait beau crier : "Biscotin,
Biscotine !", on ne lui répondait pas.
Alors il se prit à pleurer, parce qu'il s'imagina que ses
enfants étaient perdus. Après avoir couru longtemps, longtemps, il lui sembla
reconnaître la voix de la Bichonne. Il marcha droit dans le fourré, à l'endroit
où il l'avait entendue, et il entra, sa bonne hache levée. La Bichonne était
arrivée là, au moment où Biscotin et Biscotine allaient être dévorés par un
gros loup. Elle s'était jetée en aboyant, pour que ses abois avertissent
Brisquet.
Brisquet d'un coup de sa bonne hache renversa le loup roide
mort mais il était trop tard pour la Bichonne. Elle ne vivait déjà plus.
(A suivre)