A 25 ans j’endossais l’identité d’assistant photographe pour
un reportage de guerre aux Philippines.
(Comme mentionné sur mon passeport de l'époque).
(Comme mentionné sur mon passeport de l'époque).
Dans le Sud, (non loin de Mindanao la
grande île où était concentrée la minorité musulmane et les
séparatistes musulmans du Front Moro s’opposant depuis les années 1970 au
pouvoir de Manille, très proche de l'Église catholique).
C’est auprès d’eux que nous avions pris rendez-vous.
J’ai vu là en janvier 1976 de jeunes guérilleros de 16 ans poussés par leurs aînés âgés de 30 ou 40 ans. se jeter à l’assaut de militaires.
J’ai vu un journaliste correspondant de la "UNE" (chaîne de télévision française de
l’époque) offrir à l’un des chefs de la guérilla un poignard allemand portant
l’insigne nazi sur son pommeau parce que ce guérillero faisait collection de
poignards.
Quelques jours plus tard, vers midi ou une heure de
l’après-midi, et suite à un assaut commandité par la presse contre des
militaires, et ce, afin de pouvoir revenir en France avec des images…
J’ai vu deux jeunes hommes allongés à terre et dépossédés de
la moitié de leur visage de par l’impact du projectile qui les avait frappés.
Les mouches déjà par centaines se repaissaient de cette
blessure.
D’autres combattants, frères, sœurs ou amis, (une vingtaine) préparaient la niche qui devait protéger leur corps dans la
mort. Les linges blancs des linceuls venaient d'être apportés.
Nous filions en file indienne, nous remontions par un chemin noyé de soleil et sec. C’est le souvenir que j’en ai. Notre étrange travail nous empêchait d’éprouver de quelconques sentiments. Il me restait alors quelques mètres au dessus d’eux l’image de deux visages anonymes et meurtris.
Nous filions en file indienne, nous remontions par un chemin noyé de soleil et sec. C’est le souvenir que j’en ai. Notre étrange travail nous empêchait d’éprouver de quelconques sentiments. Il me restait alors quelques mètres au dessus d’eux l’image de deux visages anonymes et meurtris.
Le lendemain, après une nuit agitée où nous entendions à
intervalles réguliers les explosions de possibles mortiers ; on me dit que les
militaires avaient alors détruits par le feu depuis la mer tout un village et
cela pour un jeu de rôle déloyal. Celui que nous avions créé.
J’avais 25 ans, aujourd’hui j’en ai 56. J’ai si peu parlé de
cela.
En ouvrant ce matin le passeport de ce voyage dont une
grande partie c’est faite (depuis la Malaisie) dans une totale discrétion, clandestinement, avec l’aide de contrebandiers ; je
vois que notre retour des Philippines au port de Sandakan (Malaisie, au nord-ouest de l'île de Bornéo) s’est officiellement
effectué le 3 février 1976.
Je revenais de cette jungle les chevilles quelque peu gangrenées.
Ecrit en 2006.
Je revenais de cette jungle les chevilles quelque peu gangrenées.
Ecrit en 2006.
Rebelle du Front de
libération islamique Moro.
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire