Notre salon Arletty: dès le début des années 1930, Arletty est devenue une figure érotique, ce dont témoigne ce portrait de Moïse Kisling, datant de 1933. Crédits : © Moïse Kisling / ADAGP, Paris 2012 / Photo © Studio Monique Bernaz, Genève.

mardi 25 février 2014

Poèmes dans le sang


Poème dans le sang
Copyright: Manuel Vich

...


« Et le Barde se tut. Et, sur la hauteur noire,
L’Esprit du vent poussa comme un cri de victoire ;
Et la foule agitant les haches, les penn-baz*
Et les glaives, ainsi qu’à l’heure des combats,
Ivre du souvenir et toute hérissée,
Salua les splendeurs de sa gloire passée.
Et les Dieux se levaient, tordant du fond des cieux
Leurs bras géants, avec des flammes dans les yeux,
De leurs cheveux épars balayant les nuages ? »
(Le massacre de Mona, p.124).
Charles Baudelaire
* Gourdin

lundi 24 février 2014

Poèmes dans le sang.


« Quiconque boit au calice des prouesses épiques
Sent résonner en lui l’antique mélopée
Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques
Qui érigent en héros l’acier des épopées »
Herman Melville
(Par Matthieu Roger)

« Or, voici que j’ai vu le monde, comme un pré
Immense, qui grouillait sous ce soleil pourpré,
Plein d’hommes portant heaume et cotte d’acier, lance,
Masse d’armes et glaive, engins de violence
Avec loques d’orgueil, bannières et pennons
Où le Diable inscrivait leur lignée et leurs noms. » (p. 338).
POÈMES BARBARES, de Leconte de Lisle
Éditions Slatkine, 1981 (réimpression de l’édition de Paris de 1928)

samedi 15 février 2014

Le doigt tendu vers une étoile

A Rabah
Le doigt tendu vers une étoile
L’autre main repose sur ton flanc
Je ressens comme le vent
La palpitation de ta chair.

Par un vœu
Mon regard
Plein
De comètes
Argentées
Se penche
Attendri
Sur ton visage.

J’écarte doucement
La mémoire
De ceux qui dans la nuit
Bergers,
Pourraient
Nous reconnaitre.

Je ne veux pas
Que ce signe
Entre nous
Soit connu de tous.

Un grand calme envahi
Le cours de l’eau.

Nous sommes presque nus
Abandonnés l’un à l’autre
Transportés
Vers quelles rives ?

Pourrions-nous
Par tendresse
Renoncer
À l’instant
Aux choses de ce monde ?

Le regard converti
À tant de compassions ?

Tout à coup le jour
Et dans ce nouveau jour
L’aurore
Comme un feu
A nos âmes dévêtues.

vendredi 14 février 2014

Héro et Léandre


Héro et Léandre (en grec ancien Ήρώ καὶ Λέανδρος / Hêrố kaì Léandros) sont un couple d'amoureux de la mythologie grecque.
Héro est prêtresse d'Aphrodite à Sestos (sur la rive européenne de l'Hellespont), tandis que Léandre habite à Abydos, sur la rive asiatique. Toutes les nuits, Léandre traverse le détroit à la nage guidé par une lampe qu'Héro allume en haut de la tour où elle vit. Mais lors d'un orage, la lampe s'éteint et Léandre s'égare dans les ténèbres. Lorsque la mer rejette son corps le lendemain, Héro se suicide en se jetant du haut de sa tour.

« Le calme enfin renaît, ramené par l’aurore ;
Héro n’aperçoit pas cet amant qu’elle adore ;
Elle parcourt des yeux le vaste dos des mers,
Et roule dans son cœur mille soupçons divers.
Peut-être qu’égaré dans sa course inutile,
De l’abri d’un rocher il s’est fait un asile ?
Peut-être encore… ? Ô ciel ! Sanglant, défiguré,
Aux pieds de sa prison, par les rocs déchirés,
Elle voit… Quel aspect ! De douleur transportée,
Aussitôt de la tour Héro, précipitée,
Sur le corps d’un amant rend le dernier soupir,
Et même le trépas ne peut les désunir. »
Passage dans la traduction d’Anne-Louis Girodet (XIXᵉ siècle)

Etty William (1828)

mardi 11 février 2014

Benjamin Dubost

"les amants de l'Est"

- direction Clichy-Vincennes , changer à Marbeuf-Saupiquet !

Un, deux, trois, je t’aime.


Sur les affiches, au milieu d’images en désordre représentant divers objets tels que bouteilles, chevelures, canards, locomotives, etc., on lit ces mots tracés en tous sens, à la main :

- prenez la scène du bon côté !
-buvez mes paroles !
- affaiblis, reprenez des forces !
Vivez si m’en croyez !

On peut également prendre ça et là des pancartes bleues sur lesquelles sont écrits en blanc des noms de stations de métro ou des directions imaginaires ; exemple :

- direction Clichy-Vincennes :
Changer à Marbeuf-Saupiquet…
- Sèvre-Palmyre
Bonaparte-Dupanloup
-Wagram-Trafalgar
- Saint-Michel-Voltaire
- Panthéon-Dufayel
                              Etc., etc.

Quai d’une station de métro
Arrivent lui et elle. Ils se tiennent par la main, et avancent presque en dansant. Ils vont et viennent une ou deux fois ainsi, puis disparaissent en souriant

Lui, sur un rythme de valse.
Un, deux, trois, amour.
Elle, même jeu.
Un, deux, trois, séjour.
Lui
Un, deux, trois, Adour.
Elle
Un, deux, trois toujours.
Lui
Un, deux, trois, ficelle.
Elle
Un, deux, trois, plaisir.
Lui
Un, deux, trois, nacelle.
Elle
Un, deux, trois, partir.
Lui
Un, deux, trois, je t’aime.
Elle
Un, deux, trois, balance.
Lui
Un, deux, trois, quand même.
Elle
Quatre, cinq, six, constance.
Lui
Un, deux, trois, rivière.
Elle
Un, deux, trois, content.
Lui
Trois, cinq, sept, mystère.
Elle
Un, deux, trois, longtemps.
Lui
Un, deux, t rois, amour.
Elle
Un, deux, trois, toujours.
Lui
Un, deux, trois, toujours.
Ils s’en vont.

Théâtre FOLIO Junior
« Les amants du métro »
De Jean Tardieu
Coût 5€


mercredi 5 février 2014

Amaryllis



La poule caquette le cacatoès est un ex ministre du culte et le cactus pique.

Ah ! Cactus, je vous retrouve, je vous salue. Nous nous sommes croisés dans le labyrinthique dédale de rues de Wizzz en ville de Télérama.
Je ne sais plus trop pourquoi, mais vous m’avez trouvé affable quoique à l’étroit dans ma veste brune en velours côtelé d’homme taciturne et étriqué.
En cette fin d’après-midi, je cherche un bocal pour un poisson rouge encore frétillant mais déjà agonisant par le sang d’une encre impure injectée dans son col par ce petit bêta d’âne qu’est mon fils T.
« Expérimentons, expérimentons » me souffle t’il tous les soirs vers cette heure ci. (Dix sept heures), se clochetant d’un pied sur l’autre avec une terrible envie de faire pipi.
Mais vous à cette heure-ci, me disiez vous (voire même auparavant) qui "matiez" vous avec une telle concupiscence par le bout d’une lorgnette ?
Joe, Joe c’est plaisant à dire sempiternellement en ânonnant telle une berceuse.
Joe, vous photographiez où ; qui ou quoi, dans quel sens au Juste ?
De long en large ou de bas en haut ?...
Quelle est la photographie tirée de votre album qui vous représenterait le mieux ?
L’avez-vous sur vous ? Dans votre poche à contre cœur. Offrez la moi, je la publierai de « L’autre coté du miroir » mon autre blog :
… Vous possédez des dindons ? … Moi des rats, mille millions de rats plus les quinze autres nés ce matin dont un dans le repli de mon paletot mité.
Joe Cactus, je perds mon « self contrôl » plus fou que jamais, je fais la toupie, comme un  épouvantail désespéré dans un monde trop vaste pour moi.
De façon extravagante, j’aime le vent, les arbres nus en hiver,
Les cochons d’Inde suspendus hébétés dans leur cage cirque d’après Noel.
J’aime même les Rats, querelleurs, trempés dans de la gouache, les noirs, les jaunes, les bleus dépassants l’outremer des profondeurs océanes.
J’aime ainsi soit-il.
Cactus Joe vous êtes vous déjà baigné nu dans l’encrier bleu du pacifique ? 
Moi oui Joe, j’avais vingt cinq ans.
En plein milieu de la mer de Chine entre Sandakan et les îles Philippines.
Nous naviguions (un journaliste boulimique de guerre, une cover-girl et moi) sur dès milliers de cartouches de cigarettes de contrebande, sanglées au fond et bien au-delà du seuil limite de contenance dans un « pan-boat » sorte de pirogue à balancier.
Nommé « pan-boat » à cause du bruit de l’hélice du moteur qui faisait :
Pan, pan, pan, etc.
Et recommençait.
Cactus êtes vous souffrant vous aussi ?
Sissi est morte, vous le saviez n’est ce pas ?
Partons louer le film de sa vie
Pauvre Sissi.
Mais dites-moi épineux végétal, qu’est ce qui fait Clic !  Joe, clic dans votre imperméable ? Est-ce votre ceinture défaite ou une arme à feu portative ? Ou bien un couteau à cran d’arrêt dont l’ouverture produit un petit bruit « shlass » et un clic final celui d’avant sa morsure, d’avant l’extinction du feu intérieur.
Ne me faites pas peur Cactus !! J’ai peut être déjà quelques amis ici qui pourraient vous piquer à vif si je criais.
Violence ! Paul violence
Mais calmons nous, et dites moi autre chose Joe. Qui est la belle @
Anabella ? …
(Jardinière ?)
Vous aussi vous voulez être Roi ? …
Votre écharpe bleue vous sied si bien.
Quant à moi fatigué ce soir, déformé, je m’en vais rejoindre mon L.
Sous l’aile de l’archange Gabriel
Bonne nuit Joe de Cactaceae.