Notre salon Arletty: dès le début des années 1930, Arletty est devenue une figure érotique, ce dont témoigne ce portrait de Moïse Kisling, datant de 1933. Crédits : © Moïse Kisling / ADAGP, Paris 2012 / Photo © Studio Monique Bernaz, Genève.

dimanche 5 mai 2013

Deuxième sépulture:


Lorsque le jeune empereur vit son ami Xia tomber à ses pieds terrassé par la souffrance, on raconte qu’il  posa la tête de celui-ci au revers de sa cuisse droite; lui caressant longuement le visage en murmurant un chant ancien.

On raconte l’indicible moment. Xia était mort, on raconte cela. On raconte que le prince, jeune empereur faisant le chemin inverse aperçu sous le même cerisier le cadavre de Xia gisant décharné sous une constellation de pétales.
On raconte que s’asseyant dans l’herbe, au milieu des pétales mouillés,
Jambes allongées ; qu’il tira vers lui la dépouille du brigand. Qu’il posa la tête de Xia presque vidée de sa chaire sur sa tunique moirée au niveau de son ventre. On raconte alors que  cette noble personne dévisagea  (comme un cri de douleur) l’orbite presque vide du cadavre. On raconte que le doux homme se laissa pleurer jusqu’au lendemain, au moment du soleil levant et que le sel de ses larmes brulèrent les lèvres et les restes de parfums de Xia.
On raconte l’épouvante de chacun passant sur ce versant du coteau. Quand chacun dans une légère bruine apercevait un corps décharné veillé d’une bien étrange façon.
On disait encore dans tout l’empire : que dépourvu de courage, notre souverain fut pris d’un ineffaçable chagrin.
Et de mémoire l’on me dit à l’heure des toasts
Que craignant d’être dupé un jour par son ami, notre céleste personne aurait préféré plutôt que de connaitre cela
le glissement du sabre de Xia au niveau creux de l’abdomen.
Le temps passait, puis ce fut hier.
Un homme triste, me confia encore à moi marchand d’arcs et de flèches  que pris d’une solitude extrême le jeune prince se donna la mort par pendaison.
On raconte…
Mais peu importe le conte
Ne vous dit-on pas, encore cette nuit qu’a la lueur de la lune
Xia, murmure un chant ancien.
Que ne dit-on pas ?...
A la lueur rouge et jaune des lanternes.

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