Notre salon Arletty: dès le début des années 1930, Arletty est devenue une figure érotique, ce dont témoigne ce portrait de Moïse Kisling, datant de 1933. Crédits : © Moïse Kisling / ADAGP, Paris 2012 / Photo © Studio Monique Bernaz, Genève.

lundi 10 juin 2013

L'autre jardin


Scène 4
Eglé un instant seule,
Azor parait vis-à-vis d’elle


Eglé, continuant et se tâtant le visage. Je ne me lasse point de moi. (Et puis, apercevant Azor, avec frayeur.) Qu’est-ce que c’est que cela, une personne comme moi ?... N’approchez point (Azor étendant les bras d’admiration et souriant. Eglé continue.) La personne rit, on dirait qu’elle m’admire. (Azor fait un pas.) Attendez… ses regards sont pourtant bien doux… savez-vous parler ?
Azor. Le plaisir de vous voir ma d’abord ôté la parole ;
Eglé, gaiement. La personne m’entend, me répond, et si agréablement !
Azor. Vous me ravissez.
Eglé. Tant mieux.
Azor. Vous m’enchantez.
Eglé. Vous me plaisez aussi.
Azor. Pourquoi donc me défendez-vous d’avancer ?
Eglé. Je ne vous le défends plus de bon cœur.
Azor. Je vais donc approcher.
Eglé. J’en ai bien envie. (Il avance.) Arrêtez un peu… que je suis émue !
Azor. J’obéi, car je suis à vous.
Eglé. Elle obéit ; venez donc tout à fait, afin d’être à moi de plus près. (Il vient.) Ah ! La voilà, c’est vous, qu’elle est bien faite ! En vérité, vous êtes aussi belle que moi.
Azor. Je  meurs de joie d’être auprès de vous, je me donne à vous, je ne sais pas ce que je sens, je ne saurais le dire.
Eglé. Hé ! C’est tout comme moi.
Azor. Je suis heureux, je suis agité.
Eglé. Je soupire.
Azor. J’ai beau être auprès de vous, je ne vous vois pas encore assez.
Eglé. C’est ma pensée, mais on ne peut pas se voir davantage, car nous sommes là.


La dispute
Marivaux (1688-1763)
www.librio.net
Coût 2€uros


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