Notre salon Arletty: dès le début des années 1930, Arletty est devenue une figure érotique, ce dont témoigne ce portrait de Moïse Kisling, datant de 1933. Crédits : © Moïse Kisling / ADAGP, Paris 2012 / Photo © Studio Monique Bernaz, Genève.

jeudi 21 mars 2013

On pourrait prier dans l’ombre à genoux.


Je ne suis jamais là. Jamais présent.
Je file au gré de mes sentiments, sur de grandes vagues porteuses d’espoir
Rien, aucun abîme ; parfois de petits écueils, les vicissitudes de la vie quotidienne comme tous et chacun. Des contradictions.
Des rencontres des centaines de rencontres, et toujours sur moi leurs empruntes leurs douces et chaleureuses empruntes
D’autres plus fortes, rarement brutales ; quoique
Enfant, Jai cassé des lunettes aux filles.
Plus tard j’ai tiré les longs cheveux des garçons.
J’étais un guerrier sans foi ni loi
J’avais pour seul maître le despotique ceinturon de mon père.
Je rêvais déjà mes futures rencontres ; Dali, « El Cordobés », Aldrin et Collins ; le poète Robert Ganzo.
Siddhârta Gautama rencontré à Cormeilles.
Je ne savais rien ; cancre intellectuellement ignorant
Je nourrissais ma vie, ma peau de rêves éveillés et de mirages.
Ainsi, J’ai imaginé ma destinée très jeune, et c’est comme ça que j’ai vécu, avec eux ; pour eux, (mes rêves) fidèle et noblement.
J’accompagnais de ma foulée la flamme des jeux olympiques de Grenoble en 1968.
J'ai connu mille joies et si peu de chagrins.
Souvent des amours contrariés hors de porté du monde des adultes qui eux ni connaissaient rien en attachements.
Et chacune de mes rencontres amoureuses fut teinte de secret et d’éclats.
L’Espagne m’offrit ce quelle avait de plus beau, de plus vertueux et de mystique ; ses chants ; le flamenco et le « duende ». Alors j’ai chanté et chante encore à capella ou bien accompagné par d’entreprenants musiciens. Jaime la scène et le public avec ferveur.
Adolescent, en Espagne, la Corogne, Barcelone ; Torremolinos (Malaga) ou Madrid mon plaisir je le trouvais dans la rue entre un montreur de chèvres ; gitan, un tambourineur, un singe, des saltimbanques pour dix sous, un arroseur de trottoirs ; des chants lancés dune fenêtre a une autre ; des ouvriers avec leurs amples compliments faits aux femmes et de superbes voyous.
Je m’engaillardissais orgueilleusement le feu à l’âme et au ventre.
Vivant  dans une famille aisée ; faisant mes études dans des établissements français, je me fis français et grâce à ce titre de noblesse, à ce consulat, je devins conquérant (dans les années 1965) de terrains vagues à la dérive ; de papiers enflammés et de bouteilles vides sentant la bière « Cruz blanca » ; de fracas de verres et de lance-pierres.
Je fus un chef de bande je l’avoue souvent couard et en réalité peu téméraire ; mais considéré comme « LE FRANÇAIS »
Et je braillais à moi-même ces vers de Victor Hugo à la sortie du lycée :

« Les carnages, les victoires,
Voilà notre grand amour ;
Et les multitudes noires
Ont pour grelot le tambour.
Notre bonheur est farouche ;
C'est de dire : Allons ! Mourons !
Et c'est d'avoir à la bouche
La salive des clairons.
L'acier luit, les bivouacs fument ;
Pâles, nous nous déchaînons ;
Les sombres âmes s'allument
Aux lumières des canons.
On pourrait boire aux fontaines,
Prier dans l'ombre à genoux,
Aimer, songer sous les chênes ;
Tuer son frère est plus doux.
On se hache, on se harponne,
On court par monts et par vaux ;
L'épouvante se cramponne
Du poing aux crins des chevaux. »
Extrait de : Depuis six mille ans la guerre

Mais mon élan feint d’avant les batailles mon lyrisme avant de tomber au terrain vague, mon ambassade subjuguait mes camarades.
Pendant l’assaut, je me couchais et faisais semblant d’être déjà mort alors que mes compagnons s’en donnaient à cœur joie à distribuer et donner des coups.
L’affaire terminée,  je reprenais mes esprits parmi le monde des vivants. J’apparaissais alors comme neuf dans ma veste à col MAO et ma démarche chancelante voire victorieuse forçait encore l’admiration sous un ciel ourdi d’orages verts et jaunes tandis que s’acheminait vers nous un troupeau de chèvres et leur chevrier.
Dieu que j’ai aimé mes soldats.
Sorti de l’adolescence, j’ai photographié le mondain madrilène et beaucoup plus tard à l’âge de vingt-six ans la guerre aux Philippines.
Mais, à dix huit ans jeune photographe pour une agence de presse (Coprensa)  toujours à Madrid,
Je photographiai, et m’acoquinais alors avec une école de cirque dont je devins en 1969 leur Mr. Loyal lors de leur tournée en France.
Voila.
C’est un peu ça ; pour le reste, nous en parlerons de vive voix
Devant un café ou un chocolat viennois.
Mais la réalité me rappelle à elle à onze heures onze. A cet instant présent je dois  m’occuper de « La vieille dame centenaire ». Nous en prenons grand soin.
A très bientôt.
Et toi ?

Museum Voor Schone Kunsten à Gand (Belgique)


mercredi 20 mars 2013

Entrent Benvolio et Roméo.


PERSONNAGES

Roméo, fils de Montague
Juliette, fille de Capulet
Benvolio, neveu de Montague et ami de Roméo.

Entrent Benvolio et Roméo.
Benvolio.- Bah ! Mon cher, une inflammation éteint une autre inflammation ; une peine est amoindrie par les angoisses d’une autre peine. La tête te tournera-t-elle ? Tourne en sens inverse, et tu te remettras…  une douleur désespérée se guérit par les langueurs d’une douleur nouvelle ; que tes regards aspirent un nouveau poison, et l’ancien perdra son action vénéneuse.
Roméo, ironiquement. – La feuille de plantain est excellente pour cela.
Benvolio.- Pourquoi je te prie ?
Roméo.- Pour une jambe cassée.
Benvolio.- Ca, Roméo, est-tu fou ?
Roméo.- Pas fou précisément, mais lié plus durement qu’un fou ; je suis en prison, mis à la diète, flagellé, tourmenté et… (Au valet) Bonsoir ; mon bon ami.
Le Valet.- Dieu vous donne le bonsoir !... dites-moi, monsieur, savez-vous lire ?
Roméo.- Oui, ma propre fortune dans ma misère.
Le Valet.- Peut-être avez-vous appris ça sans livres ; mais, dites-moi, savez vous lire le premier écrit venu ?
Roméo,- Oui, si j’en connais les lettres et la langue.
Le Valet.- Vous parlez congrument. Le ciel vous tienne en joie ! (Il va pour se retirer.)
Roméo, le rappelant.- arrête, l’ami, je sais lire. (Il prend le papier des mains du valet et lit :) « Le signor Martino, sa femme et ses filles ; le comte Anselme et ses charmantes sœurs ; la veuve du signor  Vitruvio ; le signor Placentio et ses aimables nièces ; Mercutio et son frère Valentin ; mon oncle Capulet, sa femme et ses filles ; ma jolie nièce Rosaline ; Livia ; le signor Valentio  et son cousin Tybalt ; Lucio et la vive Héléna. » (Rendant le papier.) Voilà une belle assemblée. Où doit-elle se rendre ?
Le Valet.- Là-haut.
Roméo,- Où cela ?
Le Valet.- Chez nous, à souper.
Roméo,- Chez qui ?
Le Valet.- Chez mon maître.
Roméo,- J’aurais du commencer par cette question.
Le Valet.- Je vais tout vous dire sans que vous le demandiez : mon maître est le grand et riche Capulet ; si vous n’êtes pas de la maison des Montagues, je vous invite à venir chez nous faire sauter un cruchon de vin… Dieu vous tienne en joie ! (Il sort.)
Benvolio.- C’est l’antique fête des Capulets ; la charmante Rosaline, celle que tu aimes tant, y soupera, ainsi que toutes les beautés admirées de Vérone ; vas-y, puis, d’un œil impartial, compare son visage à d’autres que je te montrerais, et je te ferai convenir que ton signe n’est qu’un  corbeau.
Roméo,- Si jamais mon regard, en dépit d’une religieuse dévotion, proclamait un tel mensonge, que mes larmes se changent en flammes ! Et que mes yeux, restés vivants, quoique tant de fois noyés, transparents hérétiques, soient brulés comme imposteurs ! Une femme plus belle que mon bien aimé ! Le soleil qui voit tout n’a jamais vu son égale depuis qua commencé le monde !
Benvolio.- Bah ! Vous l’avez vue belle, parce que vous l’avez vue seule ; pour vos yeux, elle n’avait d’autre contrepoids quelle-même ; mais, dans ces balances cristallines, mettez votre bien-aimée en regard de telle autre beauté que je vous montrerai toute brillante à cette fête, et elle n’aura plus cet éclat qu’elle a pour vous aujourd’hui.
Roméo,- Soit ! J’irai, non pour voir ce que tu dis, mais pour jouir de la splendeur de mon adorée. (Ils sortent.)

Shakespeare
Roméo et Juliette
Editions Librio 2e


Monsieur Poli & Sève.
(Voix et harpe électrique.)

jeudi 14 mars 2013

Aussi pauvre soit-il,

le sage apparaît plus riche que tout autre.
Il n’est jamais véritablement démuni puisqu’il ne manque de rien, puisqu’il a tout à sa disposition, puisqu’il est citoyen du monde, puisqu’il est libre de ses mouvements, puisqu’il maîtrise autant son corps que son âme et qu’il est, d’une manière ou dune autre, devenu une partie de la nature, une parcelle de l’Univers, un grain du cosmos. Bref, le sage, qui parait s’être privé de tout, est pourvu de tout. Devenu zéro, il possède l’infini.
Reste à tenter de saisir ce que peuvent signifier des expressions comme « se priver de tout » ou « devenir zéro ». Faut-il les prendre au pied de la lettre ?

Roger-Pol Droit : Les Héros de la sagesse aux éditions Flammarion.
Coût 9€.


samedi 9 mars 2013

Vincennes : un sans domicile fixe retrouvé mort sur le quai du métro

Vincent Vérier | Publié le 03.03.2013, 10h24 | Mise à jour : 11h10
Un homme d’une cinquantaine d’années, sans domicile fixe, a été retrouvé mort, samedi soir, sur le quai de la ligne 1 du métro, à Vincennes (Val-de-Marne). Ce sont des agents de la RATP qui ont donné l’alerte vers 22 h 30.
«A l’arrivée des secours, l’homme était en arrêt cardio-respiratoire, précise une source policière.
Il n’a pas pu être ranimé». Si pour le moment, l’hypothèse d’une mort naturelle est privilégiée, une autopsie doit être réalisée pour déterminer les causes du décès.


mardi 5 mars 2013

Suite Françoise Sagan


PERSONNAGES
RANIEVSKAÏA LIOUBOV ANDRÉÏEVNA, propriétaire.
ANIA, sa fille, dix-sept ans.
VARIA, sa fille adoptive, vingt-quatre ans.
GAÏEV LÉONID ANDRÉÏEVITCH, frère de Mme Ranievskaïa.
LOPAKHINE ERMOLAÏ ALEKSÉÏEVITCH, marchand.
SIMEONOV-PICHTCHIK BORIS BORISSOVITCH, propriétaire.
FIRS, valet de chambre, quatre-vingt-sept ans.


Lopâkhine :
Tenez, Lioubov Andréiévna, votre frère Léonide Andréitch dit que je suis un manant, un accaparateur ; mais ça m’est entièrement égal. Je voudrais seulement que vous eussiez confiance en moi comme autrefois, que vos yeux extraordinaires, émouvants, me regardassent comme jadis.    Dieu miséricordieux ! Mon père était serf de votre grand-père et de votre père ; mais vous avez tant fait pour moi que j’ai oublié tout cela ; je vous aime comme quelqu’un de proche, plus que proche…
Mme Raniévski :
Je ne puis tenir en place. (Elle se lève et marche avec agitation.) Je ne pourrai survivre au bonheur d’être de retour. Moquez vous de moi ; je suis folle… : cette chère petite armoire ! (elle l’embrasse.) Cette chère petite table !...
Gâiév :
En ton absence, Lioûba, notre vieille bonne est morte.
             Mme Raniévski, s’assied et boit son café.
Dieu ait son âme! On me l’a écrit.
Gâiév :
Anastase, lui aussi, est mort. Petrouchka, le bigle, ma quitté. Il est maintenant en ville chez le commissaire
(Il tire de sa poche une boite de caramels et en prend un.)
Pîchtchik :
Ma fille Dâchenka m’a chargé de vous saluer…
Lopâkhine :
Je voudrais vous dire quelque chose de très agréable,  de réconfortant… (Il regarde sa montre.) Il faut partir, je n’ai pas le temps de beaucoup parler… enfin, en deux ou trois mots… vous savez que votre cerisaie va se vendre le 22 aout ;  c’est la date fixée. Mais ne vous inquiétez pas, chère madame ; dormez tranquille ; l’affaire n’est pas sans issue… j’ai un projet ; écoutez moi. Votre propriété n’est qu’a vingt verstes de la ville ; le chemin de fer la traverse maintenant et, si on lotit votre cerisaie et la terre qui longe la rivière pour y construire des villas, vous n’en tirerez pas moins de 25 000 roubles par an.

Anton Tchékhov
La Cerisaie. (Extrait)

vendredi 1 mars 2013

En réponse à une lettre d'amour.



Nora Amezeder chante: "Enterrée sous un bal".
*
Y'en a qui rêvent du Père Lachaise,
Avec un marbre des lettres d'or
Et pour faire bien dans le décor
Deux anges qui se disent des fadaises.

Moi si je cane avant mon homme,
Par un microbe qui n'a pas de nom
Ou écrasée par un camion
Je veux pas du ciel comme royaume,
Je veux pas du ciel comme royaume

Je veux que les gars de la funèbre
Glissent mon sapin tout doucement
Sous le parquet encore vibrant
D'une série de tangos superbes

Je veux entendre sur ma tête
Milles escarpins milles souliers
Tourner soirée et matinée
Tourner soirée et matinée

Moi si je cane avant mon homme
Par un microbe qui n'a pas de nom
Ou écrasée par un camion
Je veux pas du ciel comme royaume,
Je veux pas du ciel comme royaume

Je veux qu'on me dépose en douce
Sous un bal de mesesani
Et de la sciure en quelques poignées
Fera les étoiles de la grande ours

En dessous je saurai que l'orchestre turbine
A faire de la romance
Pour que l'amour soit en cadence
La mort n'aura pas d'importance

Moi si je cane avant mon homme
Par un microbe qui n'a pas de nom
Ou écrasée par un camion
Je veux pas du ciel comme royaume,
Je veux pas du ciel comme royaume

Paroles et musique:
Frank Thomas et de Reinhardt Wagner.


L'impossible dialogue.

Atelier d'art brut "La Cerisaie"
(APJAH)
95100 Argenteuil.

(Acrylique sur verre)