Notre salon Arletty: dès le début des années 1930, Arletty est devenue une figure érotique, ce dont témoigne ce portrait de Moïse Kisling, datant de 1933. Crédits : © Moïse Kisling / ADAGP, Paris 2012 / Photo © Studio Monique Bernaz, Genève.

mardi 14 janvier 2014

Le retour de la famille Raniévski au « Grand hôtel » suite Françoise Sagan.


Mme raniévski :
Abattre la cerisaie ! Pardon, mon cher, vous n’y entendez rien ! S’il y a dans toute la province quelque chose d’intéressant, de remarquable, c’est notre cerisaie
Lopâkhine :
Il n’y a de remarquable dans votre cerisaie que son étendue ; il n’y a de cerises que tous les deux ans et alors même on ne sait qu’en faire ; personne ne veut les acheter
Gâiév :
Même dans le dictionnaire encyclopédique, il est parlé de cette cerisaie !
Lopâkhine, consultant sa montre
Si nous ne trouvons rien, si nous ne nous arrêtons à rien, la cerisaie, et tout le bien, seront vendus aux enchères ; décidez donc ! il n’y a pas d’autre issue, je vous le jure. Aucune !
Firss :
Autrefois, il y a quarante ou cinquante ans, on faisait sécher les cerises ; on les conservait dans l’eau, dans le vinaigre ; on en faisait des confitures ; il arrivait…
Gâiév :
Tais-toi, Firss
Firss :
Il arrivait qu’on en envoyait à Moscou et à khârkov des charrettes entières de cerises sèches. Ca faisait de l’argent. Et les cerises alors étaient douces, juteuses, parfumées ; on savait la manière de les préparer.
Mme Raniévski :
Et qui en a la recette aujourd’hui ?
Firss :
On l’a oubliée ; personne ne la sait plus.

Anton Tchékhov
La Cerisaie. (Extrait)



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