Mme raniévski :
Abattre la cerisaie ! Pardon, mon cher, vous n’y
entendez rien ! S’il y a dans toute la province quelque chose d’intéressant,
de remarquable, c’est notre cerisaie
Lopâkhine :
Il n’y a de remarquable dans votre cerisaie que son
étendue ; il n’y a de cerises que tous les deux ans et alors même on ne
sait qu’en faire ; personne ne veut les acheter
Gâiév :
Même dans le dictionnaire
encyclopédique, il est parlé de cette cerisaie !
Lopâkhine, consultant
sa montre
Si nous ne trouvons rien, si nous ne nous arrêtons à rien,
la cerisaie, et tout le bien, seront vendus aux enchères ; décidez
donc ! il n’y a pas d’autre issue, je vous le jure. Aucune !
Firss :
Autrefois, il y a quarante ou cinquante ans, on faisait
sécher les cerises ; on les conservait dans l’eau, dans le vinaigre ;
on en faisait des confitures ; il arrivait…
Gâiév :
Tais-toi, Firss
Firss :
Il arrivait qu’on en envoyait à Moscou et à khârkov des charrettes
entières de cerises sèches. Ca faisait de l’argent. Et les cerises alors
étaient douces, juteuses, parfumées ; on savait la manière de les préparer.
Mme Raniévski :
Et qui en a la recette aujourd’hui ?
Firss :
On l’a oubliée ; personne ne la sait plus.
Anton Tchékhov
Anton Tchékhov
La Cerisaie. (Extrait)
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