…
Minuit venait de sonner à l’horloge de l’Elysée-bourbon. Assis
dans l’embrasure d’une fenêtre, et caché sous les plis onduleux d’un rideau de
moire, je pouvais contempler à mon aise le jardin de l’hôtel ou je passais la
soirée. Les arbres, imparfaitement couverts de neige, se détachaient faiblement
du fond grisâtre que formait un ciel nuageux, à peine blanchi par la lune. Vus au
sein de cette atmosphère fantastique, ils ressemblaient vaguement à des
spectres mal enveloppés de leurs linceuls, image gigantesque de la fameuse danse des morts. Puis en me retournant de l’autre côté, je pouvais
admirer la danse des vivants ! Un salon splendide, aux parois d’argent et
d’or, aux lustres étincelants, brillant de bougies. Là, fourmillaient, s’agitaient et papillonnaient les plus jolies
femmes
…
Extrait de « Sarrasine »
De Balzac
Editions Libretti
Coût 1,50€
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire