Notre salon Arletty: dès le début des années 1930, Arletty est devenue une figure érotique, ce dont témoigne ce portrait de Moïse Kisling, datant de 1933. Crédits : © Moïse Kisling / ADAGP, Paris 2012 / Photo © Studio Monique Bernaz, Genève.

samedi 15 décembre 2012

Je peins avec ma conscience et des mots mieux qu’avec un pinceau l’âme du clown.

A GeM.
(Lettre retrouvée)

Saviez-vous que le clown ne fait pas seulement rire ? Vous le savez je le sais.
Votre clown à vous devrait exister entre le mimodrame, la mimique et la pantomime. Tout cela est à peu près similaire. Les différences, existantes, sont subtiles. Mais avec et peu de mots, peut-être seriez vous une sorte de « slameuse » plus sensible ; comme au ralenti.

Sur scène, si vous l’étiez, donnez nous l’impression d’avoir observé, et d’être constamment à l’écoute. Dites peu de choses, bougez à votre manière, susurrez, marmonnez un poème, mettez vous en colère parfois. N’hésitez pas aussi à « mal » chanter.

Ne soyez pas trop près sentimentalement du public. Effleurez-le. Le métier d’acteur est un grand secret, une pierre philosophale.

Alors il se reconnaîtrait en vous, et vous en eux. Vous ne serez rien de plus que nous-mêmes, mais en tant qu’artiste, en tant que comédienne ou clown, vous nous révéleriez à nous-mêmes. C’est tout le mystère de ce métier. De cette vocation. De révélez en chacun nos qualités et nos faiblesses.

Prenez soin de votre personnage, de vous. Ne soyez jamais trop sévère avec lui. Questionnez-le sur vos propres questionnements et sur les bonnes et mauvaises choses du monde. Sur toutes les questions que nous nous posons tous et toutes ; de la plus frivole à la plus grave. Répondez-vous très simplement et si possible avec bonhomie, avec tendresse.

Parfois face aux mauvaises compromissions peut-être les vôtres ou les nôtres ne craignez point de contre attaquer celles-ci  avec une ironie mordante.

Ecrivez tout ce qui vous passe par l’esprit. Puis si « dieu » le veut, si plus que moi vous osez travailler votre talent, si en faire un métier vous plaisait, alors quelque soit votre âge vous devrez peut-être accepter de vous plier à devenir une Clown professionnelle.

Je peins avec ma conscience et des mots, mieux qu’avec un pinceau. Voulant faire de vous un personnage, et c’est mon droit en tant qu’artiste, je puis aussi malgré moi, frôlant votre extrême sensibilité vous blesser.

Lisez ces mots le plus simplement du monde, avec le moins d’émotion possible.
Mais riez surtout

S’ils doivent vous aider et vous rendre prospère ils le seront pour vous en toute simplicité.
Le cas contraire, prenez les simplement comme des mots aimables, offerts, parce qu’à cet instant je disposais de ce temps pour vous parler ainsi.

Puis pour démystifier cette part de spiritualité, de sérieux dans cet intime échange entre nous, il est possible que je reproduise ces mots sur l’une de mes pages du « web » pour mieux faire connaître ma vocation de « passeur » d’âme.

Ce ne sera pas vous trahir, puisque aujourd’hui ces mots, vous sont dédiés, avec la même fraternité d’esprit qu’éprouvait Rainer Maria Rilke pour le jeune Franz Xaver kappus lorsqu’il lui écrivait ses « Lettres à un jeune poète »

Bien chaleureusement.
Je vous embrasse.
Prenez soin de vous, et ce en toute sérénité.
Manuel.

2 commentaires:

  1. Manuel
    de l'invisible
    de l'inaudible
    pourquoi votre texte, pourquoi aujourd'hui ? extraordinaire
    mon clownn me manque et vous ne le saviez !
    Début novembre, n'y tenant plus
    deux nouvelles sessions j'ai programmé
    l'une où je repars au tout début
    sa découverte,à Vitry sur Seine
    l'autre sur le Causse
    plateau pierreux perdu sous
    une chaleur très sèche
    où seuls les grelots des moutons nous bercent
    Mon clown m'y attend pour essayer de donner à rire,tout en restant au plus près de mes strates
    à travers les fissures, pour peut être enfin sortir de terre et respirer l'air marin.

    Manuel la coincidence, concordance... confondantes, à 15 heures demain, je vais aussi accompagner de quatre enfants et leurs mamans à la rencontre de Françoise, Clown de la compagnie des Nouveaux Nez.
    votre propos m'étonne, me touche au plus profond
    mais peut être aussi vous avais-je déjà parler de lui ? ma mémoire ici faisant défaut ...
    oui, de ce clown naissant, jubilant après
    une petite impro réussie, me laissant
    moi chaos, au ressenti décalé, paumée dans
    un grand flou, instant où je lui avais donné son nom.

    Comme vous le dites si bien
    c'est peut être simplement le fait de cette part de spiritualité, de sérieux, dans cet intime échange entre nous qui résonne.

    Manuel, ami singulier, grâce à vous, votre regard, mon clown un jour réussira-t-il à tenir debout ?

    GeM

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  2. Je comprends dorénavant mieux ma coulrophobie. salut Manuel.

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