Notre salon Arletty: dès le début des années 1930, Arletty est devenue une figure érotique, ce dont témoigne ce portrait de Moïse Kisling, datant de 1933. Crédits : © Moïse Kisling / ADAGP, Paris 2012 / Photo © Studio Monique Bernaz, Genève.

mercredi 12 décembre 2012

Suite Françoise Sagan

Photographie de Tchékhov en 1901

Vâria
Douniâcha, du café, vite ! Mère demande du café.
Douniâcha
Tout de suite.
                                                                    (Elle sort.)
Vâria
Enfin nous voilà arrivées, dieu merci !te voilà revenue ! (la caressant.) Ma chérie est revenue, ma belle !
Ania
Ce que j’en ai vu, Vâria !
Vâria
Je me figure.
Ania
Quand je suis partie, cette semaine d’avant Pâques, il faisait très froid. Charlotte toute la route n’a cessé de parler, et de faire des tours de passe-passe…  pourquoi m’as-tu empêtrée de cette Charlotte, Vâria ?
Vâria
A dix-sept ans, tu ne pouvais pourtant pas t’en aller toute seule à l’étranger.
Ania
Nous arrivons à paris, il faisait froid ; il y avait de la neige. Je parle atrocement le français. Maman habite le cinquième étage. Je trouve chez elle des français, des dames, un vieux prêtre, tenant un livre. Partout de la fumée de tabac ; aucun confort… j’ai eu soudain pitié de maman ; j’ai pris sa tête dans mes mains et ne pouvais plus la lâcher. Puis, maman m’a caressé, a pleuré…
Vâria, les larmes aux yeux.
Tais-toi, ne racontes plus !

Anton Tchékhov
La Cerisaie. (Extrait)

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