Photographie de Tchékhov en 1901
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Vâria
Douniâcha, du café, vite ! Mère demande du café.
Douniâcha
Tout de suite.
(Elle sort.)
Vâria
Enfin nous voilà arrivées, dieu merci !te voilà
revenue ! (la caressant.) Ma
chérie est revenue, ma belle !
Ania
Ce que j’en ai vu, Vâria !
Vâria
Je me figure.
Ania
Quand je suis partie, cette semaine d’avant Pâques, il
faisait très froid. Charlotte toute la route n’a cessé de parler, et de faire
des tours de passe-passe… pourquoi
m’as-tu empêtrée de cette Charlotte, Vâria ?
Vâria
A dix-sept ans, tu ne pouvais pourtant pas t’en aller toute
seule à l’étranger.
Ania
Nous arrivons à paris, il faisait froid ; il y avait de
la neige. Je parle atrocement le français. Maman habite le cinquième étage. Je
trouve chez elle des français, des dames, un vieux prêtre, tenant un livre.
Partout de la fumée de tabac ; aucun confort… j’ai eu soudain pitié de
maman ; j’ai pris sa tête dans mes mains et ne pouvais plus la lâcher.
Puis, maman m’a caressé, a pleuré…
Vâria, les larmes aux
yeux.
Tais-toi, ne racontes plus !
Anton Tchékhov
La Cerisaie. (Extrait)
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