KRAPP
Viens juste d’écouter une vieille année, des passages au
hasard. Je n’ai pas vérifié dans le livre,
mais ça doit nous ramener à dix ou douze ans en arrière— au moins. Je
crois qu’à ce moment-là je vivais encore avec Bianca dans Kedar Street, enfin
par à-coups. Bien sorti de ça, ah foutre oui ! C’était sans espoir. (Pause.) Pas grand’chose sur elle, à
part un hommage à ses yeux. Enthousiaste. Je les ai revus tout à coup (Pause.) Incomparables ! (pause.) enfin… (Pause.)
Sinistres ces exhumations, mais je les trouve souvent— (Krapp débranche l’appareil, rêvasse, rebranche l’appareil) –
utiles avant de me lancer dans un
nouveau… (Il hésite)… retour en
arrière ; difficile de croire que j’aie jamais été ce petit crétin. Cette
voix ! Jésus ! Et ces aspirations ! (bref rires auquel Krapp se joint.) et ces résolutions. (Bref rire auquel Krapp se joint.) Boire
moins notamment. (Bref rire de Krapp
seul.) Des statistiques. Mille sept cents heures sur les huit mille et
quelques précédentes volatilisées rien que dans les débits de boisson ;
plus de 20%, disons 40% de sa vie de veille. (Pause.)
Samuel Beckett (1906 - 1989)
« La dernière bande » Extrait
Aux éditions de minuit
L'année commence vraiment très fort pour vous
RépondreSupprimerlà encore le ton de votre voix
pour cette lecture du texte de
Samuel Beckett sonne juste et du
coup, on se voit frusté que l'enregistrement
s'arrête aussi vite
Merci, merci Mille voeux de bien-être pour vous, de bonheur.
SupprimerPour ce qui est des textes dits, je ne serais bon que sur "des courtes distances"