Notre salon Arletty: dès le début des années 1930, Arletty est devenue une figure érotique, ce dont témoigne ce portrait de Moïse Kisling, datant de 1933. Crédits : © Moïse Kisling / ADAGP, Paris 2012 / Photo © Studio Monique Bernaz, Genève.

lundi 31 décembre 2012

Dernier billet d’humeur sans dédicace.

L'étang près du monastère
Copyright: Marion Lamy

Ainsi lorsque nous mourrons, parce que trop pudibonds, personne ne devra connaitre nos derniers instants de caresses quand nos mains se frôlaient pour le plaisir; pour un ultime adieu.
Alors lorsque nous mourrons personne en dehors de moi orphelin de vous ne devra connaitre la couleur de nos larmes, ce goût âpre, amer et si particulier (comme une pierre que l’on lèche) de la vie qui sen va.
Alors lorsque je ; ou vous mourrez, nous ferons publier sur des machines à retranscrire la dernière banalité. Notre dernier mensonge auquel plus personne ne croira.
« Ils sont morts suite à une longue maladie ».
Ces gens là, qui sont morts manquaient sans doute d’élégance pour terminer si proprement leur vie. Aucune souillure, rien ; un passage dans leur siècle à ne rien dire à ne rien faire qui puisse attirer notre attention.
Puis, je ou vous fermerez violemment la porte de la chambre où il mourra ; oui c’est ça encore plus fort !
Puis mon âme et vous-même,  irez vomir au coin de la rue notre mensonge sur notre maladie ou notre misère, celle des autres ; l’affreuse misère des autres!
Des sans abris.
Pour ne pas avoir dit La couleur de vos yeux, le touché de votre peau ; ce dernier baiser sur nos bouches et l’odeur des draps où la mort se couche je noircirai le monde de dédain. Orphelin de vous ou de lui, comme un gueux je pisserai devant chacun un ruisseau nauséabond d’indifférences.
Et je m’épuiserai enfin à crier follement avec tendresse vos  prénoms.
A crier au monde
Ne fermez plus les portes des chambres des mal-aimés.
Quelques soient leur odeur.

Il sera minuit.


... 2013 pointe son nez
Prenez soin de vous; de chacun, prenons soin des autres.

jeudi 20 décembre 2012

Pierre Emmanuel.


                               "J'ai 23 ans, je n'ai jamais embrassé de fille »


Savannah Bay


Madeleine
Qu’est-ce que c’est ?
Jeune femme
C’est jean et Hélène. Ils ont apporté un disque pour vous. (Temps).  Ils sont repartis.
Madeleine
Ah bon…
La jeune femme caresse les mains de madeleine, les embrasse. La voix de la chanteuse cesse.
Jeune femme
Vous reconnaissez cette chanson ?
Madeleine (hésitation)
C’est-à-dire… un peu…
Temps long.
Jeune femme
Je vais la chanter et vous, vous répéterez les paroles.
Madeleine ne répond pas. Elle fait une légère moue. La jeune femme la regarde avec gravité.
Jeune femme
Vous ne voulez pas ?
Madeleine
Si… Si… je veux bien…
La jeune femme continue à regarde madeleine avec une gravité intriguée. Madeleine passe la main sur le visage de la jeune femme.
Madeleine
Vous êtes ma petite fille ?
Jeune femme
Peut-être.
Madeleine (cherche)
Ma petite fille ?... ma fille ?...
Jeune femme
Oui, peut-être.
Madeleine (cherche)
C’et bien ça ?
Temps. Silence Madeleine ferme les yeux et caresse la tête de la jeune femme comme une aveugle le ferait. La jeune femme se laisse faire. Et puis Madeleine lâche la tète, ses mains retombent, désespérées.
Madeleine (temps)
Je voudrais qu’on me laisse tranquille.
Jeune femme
Non.
La jeune femme prend les mains de madeleine et les pose sur sa propre tête pour qu’elle continue à caresser « la troisième absente ». Les mains de madeleine retombent encore désespérées. La jeune femme abandonne.  Mains inertes des deux femmes.
Jeune femme
Vous vous ennuyez ?
Madeleine
Non.
Jeune femme
Jamais ?
Madeleine (simple).
Jamais.
Silence. La jeune femme chantonne « les mots d’amour ». On dirait que Madeleine cherche d’où vient le son Arrêt du chant. Puis la jeune femme commence à chanter la chanson de façon ralentie tout en prononçant les paroles de façon très intelligible.

Savannah Bay (Extrait)
Une oeuvre de Marguerite Duras.
les éditions de minuit


mercredi 19 décembre 2012

L'autre jardin

Copyright: Circo de los Muchachos

Un sans-domicile fixe de 45 ans a été retrouvé mort de froid


AFP - Publié le 14/12/2012 à 19:15
Un sans-domicile fixe de 45 ans a été retrouvé mort de froid vendredi matin à Paris, sous le pont Charles-De-Gaulle (XIIe arrondissement), a-t-on appris de source policière.
C'est un piéton qui a alerté les pompiers. Une fois sur place, le médecin du Samu a constaté le décès du quadragénaire, qui est, selon lui, mort d'hypothermie.

lundi 17 décembre 2012

Le ventre nu des vieilles dames.


Le ventre nu
Des vieilles dames
est
Agé comme un désert de sable.
Et tout à leur entour
Le monde,
Le nôtre qui ne semble plus être le leur.
Le nôtre avec ses méprises,
Et ses mal dormances
Avec ses soubresauts
Haletants.

Le ventre des vieilles dames
Sursaute à chaque visite.
Parfois reposé, il se tait
Mais il sait tout de nous
Comme un hymne à l’amour.
Et leur crépuscule,
se fait déjà discret,
Très discret.
C’est tout.
A chaque instant si près de nous.

A Marion Lamy et Michel Aguilar.

samedi 15 décembre 2012

Je peins avec ma conscience et des mots mieux qu’avec un pinceau l’âme du clown.

A GeM.
(Lettre retrouvée)

Saviez-vous que le clown ne fait pas seulement rire ? Vous le savez je le sais.
Votre clown à vous devrait exister entre le mimodrame, la mimique et la pantomime. Tout cela est à peu près similaire. Les différences, existantes, sont subtiles. Mais avec et peu de mots, peut-être seriez vous une sorte de « slameuse » plus sensible ; comme au ralenti.

Sur scène, si vous l’étiez, donnez nous l’impression d’avoir observé, et d’être constamment à l’écoute. Dites peu de choses, bougez à votre manière, susurrez, marmonnez un poème, mettez vous en colère parfois. N’hésitez pas aussi à « mal » chanter.

Ne soyez pas trop près sentimentalement du public. Effleurez-le. Le métier d’acteur est un grand secret, une pierre philosophale.

Alors il se reconnaîtrait en vous, et vous en eux. Vous ne serez rien de plus que nous-mêmes, mais en tant qu’artiste, en tant que comédienne ou clown, vous nous révéleriez à nous-mêmes. C’est tout le mystère de ce métier. De cette vocation. De révélez en chacun nos qualités et nos faiblesses.

Prenez soin de votre personnage, de vous. Ne soyez jamais trop sévère avec lui. Questionnez-le sur vos propres questionnements et sur les bonnes et mauvaises choses du monde. Sur toutes les questions que nous nous posons tous et toutes ; de la plus frivole à la plus grave. Répondez-vous très simplement et si possible avec bonhomie, avec tendresse.

Parfois face aux mauvaises compromissions peut-être les vôtres ou les nôtres ne craignez point de contre attaquer celles-ci  avec une ironie mordante.

Ecrivez tout ce qui vous passe par l’esprit. Puis si « dieu » le veut, si plus que moi vous osez travailler votre talent, si en faire un métier vous plaisait, alors quelque soit votre âge vous devrez peut-être accepter de vous plier à devenir une Clown professionnelle.

Je peins avec ma conscience et des mots, mieux qu’avec un pinceau. Voulant faire de vous un personnage, et c’est mon droit en tant qu’artiste, je puis aussi malgré moi, frôlant votre extrême sensibilité vous blesser.

Lisez ces mots le plus simplement du monde, avec le moins d’émotion possible.
Mais riez surtout

S’ils doivent vous aider et vous rendre prospère ils le seront pour vous en toute simplicité.
Le cas contraire, prenez les simplement comme des mots aimables, offerts, parce qu’à cet instant je disposais de ce temps pour vous parler ainsi.

Puis pour démystifier cette part de spiritualité, de sérieux dans cet intime échange entre nous, il est possible que je reproduise ces mots sur l’une de mes pages du « web » pour mieux faire connaître ma vocation de « passeur » d’âme.

Ce ne sera pas vous trahir, puisque aujourd’hui ces mots, vous sont dédiés, avec la même fraternité d’esprit qu’éprouvait Rainer Maria Rilke pour le jeune Franz Xaver kappus lorsqu’il lui écrivait ses « Lettres à un jeune poète »

Bien chaleureusement.
Je vous embrasse.
Prenez soin de vous, et ce en toute sérénité.
Manuel.

vendredi 14 décembre 2012

Barbara chante: "dis, quand reviendras-tu?"

"Celui qui joue le roi sera le bienvenu"


HAMLET
Pourquoi avez-vous ri, alors, quand j’ai dit : L’homme n’a pas de charme pour moi?
ROSENCRANTZ
C’est que je me disais, monseigneur, puisque l’homme n’a pas de charme pour vous, quel maigre accueil vous feriez aux comédiens que nous avons accostés en route, et qui viennent ici vous offrir leurs services.
HAMLET
Celui qui joue le roi sera le bienvenu: Sa Majesté recevra tribut de moi; le chevalier errant aura le fleuret et l’écu; l’amoureux ne soupirera pas gratis; le personnage lugubre achèvera en paix son rôle; le bouffon fera rire ceux dont une toux sèche chatouille les poumons; et la princesse exprimera librement sa passion, dû le vers blanc en être estropié... Quels sont ces comédiens?
ROSENCRANTZ
Ceux-là mêmes qui vous charmaient tant d’habitude, les tragédiens de la Cité.
HAMLET
Par quel hasard deviennent-ils ambulants? Une résidence fixe, et pour l’honneur et pour le profit, leur serait plus avantageuse.
ROSENCRANTZ
Je crois qu’elle leur est interdite en conséquence de la dernière innovation.
HAMLET
Sont-ils aussi estimés que lorsque j’étais en ville? Sont-ils aussi suivis ?
ROSENCRANTZ
Non, vraiment, ils ne le sont pas.
HAMLET
D’où cela vient-il? Est-ce qu’ils commencent à se rouiller?
ROSENCRANTZ
Non, leur zèle ne se ralentit pas; mais vous saurez, monsieur, qu’il nous est arrivé une nichée d’enfants, à peine sortis de l’œuf, qui récitent tout du même ton criard, et qui sont applaudis avec fureur pour cela; ils sont maintenant à la mode, et ils clabaudent si fort contre les théâtres ordinaires (c’est ainsi qu’ils les appellent), que bien des gens portant l’épée ont peur des plumes d’oie, et n’osent plus y aller.
HAMLET
Comment! Ce sont des enfants? Qui les entretient? D’où tirent-ils leur écot? Est-ce qu’ils ne continueront pas leur métier quand leur voix aura mué? Et si, plus tard, ils deviennent comédiens ordinaires (ce qui est très probable, s’ils n’ont pas d’autre ressource), ne diront-ils pas que les auteurs de leur troupe ont eu grand tort de leur faire diffamer leur futur gagne-pain?

CLAUDIUS, roi de Danemark.
HAMLET, fils du précédent roi, neveu du roi actuel.
ROSENCRANTZ, courtisan.
William Shakespeare (1564-1616). Poète et dramaturge anglais.

mercredi 12 décembre 2012

Suite Françoise Sagan

Photographie de Tchékhov en 1901

Vâria
Douniâcha, du café, vite ! Mère demande du café.
Douniâcha
Tout de suite.
                                                                    (Elle sort.)
Vâria
Enfin nous voilà arrivées, dieu merci !te voilà revenue ! (la caressant.) Ma chérie est revenue, ma belle !
Ania
Ce que j’en ai vu, Vâria !
Vâria
Je me figure.
Ania
Quand je suis partie, cette semaine d’avant Pâques, il faisait très froid. Charlotte toute la route n’a cessé de parler, et de faire des tours de passe-passe…  pourquoi m’as-tu empêtrée de cette Charlotte, Vâria ?
Vâria
A dix-sept ans, tu ne pouvais pourtant pas t’en aller toute seule à l’étranger.
Ania
Nous arrivons à paris, il faisait froid ; il y avait de la neige. Je parle atrocement le français. Maman habite le cinquième étage. Je trouve chez elle des français, des dames, un vieux prêtre, tenant un livre. Partout de la fumée de tabac ; aucun confort… j’ai eu soudain pitié de maman ; j’ai pris sa tête dans mes mains et ne pouvais plus la lâcher. Puis, maman m’a caressé, a pleuré…
Vâria, les larmes aux yeux.
Tais-toi, ne racontes plus !

Anton Tchékhov
La Cerisaie. (Extrait)

mardi 11 décembre 2012

Grand salon des ambassadeurs.




Un accident tragique.

Un sans domicile fixe a trouvé la mort ce vendredi soir vers 20 heures à Nice dans des circonstances tragiques.
Publié le vendredi 07 décembre 2012 à 22h18
Il a été écrasé accidentellement par un automobiliste qui pénétrait dans le parking* de sa résidence. Le malheureux a été tué sur le coup.
Les faits sont survenus rue Deudon derrière le centre commercial Nice-Etoile. Lorsque le conducteur a ouvert la porte télécommandée, le parking n’étant pas éclairé et le Sdf étant vêtu de sombre, il ne l’a pas vu. Lorsqu’il s’en est rendu compte, il était hélas trop tard.
Les sapeurs-pompiers n’ont rien pu faire. Selon les premiers éléments recueillis par la Police Nationale, la victime est un Français d’une quarantaine d’années qui fréquentait le quartier depuis une dizaine d’années.
* Il faut savoir que de nombreux sans domicile fixe se réfugient la nuit dans les parkings couverts ou souterrains pour y trouver un refuge.

lundi 10 décembre 2012

Christophe Béhague



Un nombre incalculable de pleurs.

Il y a
Dans le caniveau
Après la pluie
Une lune
Ruisselante.
En pleurs
Dans le canal
Vers minuit.
Dans le canal
Vers minuit
Il y a les belles mains
D’un homme seul
Qui boit
Saez Damien.
Ses larmes.
Il y a
Au cinquième étage
D’un immeuble
Si près du chenal
Une femme
Qui voit
Un homme pleurer
Et boire des larmes de pluies


.

La république des ivres, pas encore morte ?

Une proposition de Cactus.Joé02.

"À trop butiner, le risque est de se voir lutiné(e) tendrement, n'est-il pas ? sissi ! "
Qu'entends-je par là en fait de mon moi ? embarqué à la fois par mon et moi et mon émoi ce Décembre de crise, je me suis laissé emporter par plusieurs portées, l'une musicale, l'autre écritale , une autre encore vidéothécale sans oublier la phototécale ! Manque juste Sophie avantageusement remplacée par Zoë qui telle Lucie, dix de der ou pas, n'en manque pas, d’air, conditionnée qu'elle est bien sûr par ses beaux yeux azurs : absurde, Annie Pâle, Annibal ? Je vous laisse mes seul(e)s juges ! (à Absurdanipal* qui fonda à Ninive une bibliothèque dans laquelle il recueillit l'ensemble de la littérature cunéiforme disponible, que j'admire encore.)
http://oss118.blogspot.fr/

*Assurbanipal ou Ashurbanipal, roi d'Assyrie de 669 av. J.-C. à 627 av. J.-C., fils du roi Assarhaddon, fut le dernier grand roi de l'Assyrie antique. Son nom, Aššur-ban-apli, signifie « Assur a donné un fils héritier ».
Ce personnage est connu comme l'un des rares souverains de son temps sachant lire et écrire. La sculpture assyrienne atteignit son apogée sous son règne (Palais nord et sud-ouest de Ninive). Pour les Grecs, qui le connaissaient sous le nom de Sardanapal(l)os — d'où la forme latine Sardanapal(l)us—, c'était le symbole d'un homme puissant menant une vie luxueuse et dissolue, d'où le sens de « débauché » pris en français par le terme sardanapale. Dans la Bible, il est appelé As(e)nappar ou Osnapper (Ezra 4:10).

vendredi 7 décembre 2012

L'autre jardin


Chambre N° 282


Minuit venait de sonner à l’horloge de l’Elysée-bourbon. Assis dans l’embrasure d’une fenêtre, et caché sous les plis onduleux d’un rideau de moire, je pouvais contempler à mon aise le jardin de l’hôtel ou je passais la soirée. Les arbres, imparfaitement couverts de neige, se détachaient faiblement du fond grisâtre que formait un ciel nuageux, à peine blanchi par la lune. Vus au sein de cette atmosphère fantastique, ils ressemblaient vaguement à des spectres mal enveloppés de leurs linceuls, image gigantesque de la fameuse danse des morts. Puis  en me retournant de l’autre côté, je pouvais admirer la danse des vivants ! Un salon splendide, aux parois d’argent et d’or, aux lustres étincelants, brillant de bougies. Là, fourmillaient,  s’agitaient et papillonnaient les plus jolies femmes
Extrait de « Sarrasine »
De Balzac
Editions Libretti
Coût 1,50€

Le bonheur par indifférence.


Si le sage est heureux, c’est parce qu’il est débarrassé du bonheur commun, tout autant que du malheur.

Roger-Pol Droit : Les Héros de la sagesse aux éditions Flammarion.
Coût 9€.

jeudi 6 décembre 2012

Espitre


[Epître à mes amis]
Aiez pictié, aiez pictié de moy,
A tout le moins, s'i vous plaist, mes amis !
En fosse giz, (non pas sous houx ne may),
En cest exil ouquel je suis transmis
Par Fortune, comme Dieu l'a permis.
Filles amans jeunes gens et nouveaulx,
Danceurs, saulteurs, faisans les piez de veaux,
Vifs comme dards, agus comme aguillon,
Gousiers tintant clair comme gastaveaux,
Le lesserez là, le povre Villon ?


Chantres chantant à plaisance, sans loy,
Galans riant, plaisants en faiz et diz,
Coureux alans francs de faulx or, d'aloy,
Gens d'esperit, un petit étourdiz,
Trop demourez, car il meurt entandiz.
Faiseurs de laiz, de motés et rondeaux,
Quand mort sera, vous lui ferez chaudeaux !
Où gist, il n'entre n’escler ne tourbillon :
De murs espoix on lui a fait bandeaux.
Le lesserez là, le povre Villon ?


Venez le voir en ce piteux arroy,
Nobles hommes, francs de quart et de dix,
Qui ne tenez d'empereur ne de roi,
Mais seulement de Dieu de paradiz ;
Jeûner lui faut dimenches et merdiz,
Dont les dents a plus longues que ratteaux ;
Après pain sec, non pas après gasteaux,
En ses boyaux verse eaue à gros boullon ;
Bas en terre, table n'a ne tresteaux.
Le lesserez là, le povre Villon ?


Princes nommez, anciens, joulvenciaulx,
lmpetrez moy grâces et royaux sceaux,
Et me montez en quelque corbillon.
Ainsi le font, l'un à l'autre, pourceaux,
Car, où l'un brait, ils fuyent à monceaux.
Le lesserez là, le povre Villon ?
François Villon (1431 ?)


« Villon joue avec une langue qui n’est plus la nôtre, déformant les noms des personnes, des lieux, multipliant les double sens, les clés de lecture. Ca semble souvent drôle, méchant et sacrément bien troussé. L’appareil de notes s’avère utile (selon l’édition, l’orthographe peut également être plus ou moins modernisée).
J’ai retenu cette épître car Villon y évoque avec beaucoup d’ironie le triste sort qui fut le sien. Malgré l’outrance de l’appel à l’aide qui peut et qui doit faire sourire, malgré les attaques perfides auxquelles Villon se livre contre ses amis, contre ses ennemis, on devine dans ces vers le portrait sans pudeur d’une époque qui ne fut certainement pas tendre avec ses misérables.
Villon fut, peut être malgré lui, le représentant de cette foule d’anonymes crevant de faim et de froid. C’est sans doute tout aussi naïf que d’en faire une canaille héroïque, maltraitant les convenances et les institutions mais qu’importe...c’est l’image que je veux garder de mon « pauvre» Villon... »



Heinrich Schütz (1585-1672) : Motet « Sept paroles de la croix »
Musopen (Musique libre de droit)

lundi 3 décembre 2012

Au deuxième étage, le petit café concert des "Trois lézards" présente:

"Fiesta por Bulerías"
Avec :

Lebrijano, Fosforito, María Vargas, Chaquetón, Fernando Quiñones, José Menese, Carmen Linares, Merche Esmeralda, Carmen Mora, Paco Cepero, Luis y Juan Carmona "Habichuela", Enrique de Melchor

Ah ! Tu voulais une chanson… Pour ton nombril.

Chambre N° 60

Dehors, passent deux clochards.

20 minutes après,  les mêmes...
                                   Il est 10h28 ; les mêmes…
                                                                         Puis;

RAYMOND.- Si on n’avait pas la gare, où est ce qu’on irait
THEODULE.- Dans un endroit.
RAYMOND.- La gare c’est quand même mieux qu’un endroit.
THEODULE.- C’est plus vivant.
RAYMOND.- C’est pas comme une famille.
THEODULE.- Ah ! Non, c’est pas comme.
RAYMOND.- Ah ! Oui ! Sans la gare où on irait ?
THEODULE.- Tout le monde s’en va.  Revient. Repart. Nous, on n’est pas des nomades. On est des citadins. De choix.
RAYMOND.- Avant… il y a longtemps… avant dans les gares, il y avait une odeur.
THEODULE.- Une odeur de gare.
RAYMOND.- Plutôt une odeur de train.
THEODULE.- Je dirai même une odeur de locomotive.
RAYMOND.- Oui c’est ça…
THEODULE.- Une odeur, Raymond, si tu te souviens, de jambon fumé…
RAYMOND.- … de vieux jambon…
THEODULE.- Et en plus comme une odeur de jupon de femme qui s’a assise  sur de la cendre chaude.
RAYMOND.- T’as déjà rencontré une femme qui s’assoit sur de la cendre chaude ?
THEODULE.- j’ai dit « comme ». J’ai pas dit qu’elle s’a assise, j’ai dit « comme » une qui s’a assise.
Geste qui signifie que la suite... c’est ce qui précède !


Les clochards (extrait)
Les pas perdus
De Denise Bonal
A lire, à jouer, sans modération.
Editions théâtrales
Prix : 13,95 €

Dans le hall de l’hôtel… Une affiche :

dimanche 2 décembre 2012

Le nombril, chambre N° 7


Le nombril

Fameux cordon que celui du nombril ;
Je le sais sourcilleux, agacé ou expansif,
gai à se plier de rire.
Egoïste,  à se défaire d’une alliance
J’ai peu vu de nombrils

Ah ! Si
Des boutons gros, petits, moyens ; convexes comme des escargots,
Des en colimaçons, plus pressés  secrets et moins expansifs,

A ce moment-là, ta tête était rieuse, sympathique à en mourir d’amour.
Et si affectueusement brune dans des mains hagardes.

C’est beau un nombril amoureux dans la vague d’un corps amoureux.
Ce frémissement de toi sous ta peau, et sur les ailes de ta peau

Le monde est déconcertant,
Je suis déconcertant
Ton corps tout notre amour est déconcertant
Et ton nombril salé.

Sous ta peau il y a ton domaine de chaire
Avec ses écritures
Et sous mes doigts te caressant un
Moi, je.


samedi 1 décembre 2012

Nouveau théâtre des "Vieilles vieilleries": avec Thomas Dutronc.



Angelo Debarre et… Ses amis dont Thomas Dutronc. Nous vous souhaitons une bien jolie soirée.
Angelo Debarre (guitare), Ludovic Beier (accordéon), Tchavolo Hassan (guitare rythmique), Antonio Licusati (contrebasse), Marius Apostol (violon), Ioan Streba (clarinette), Invité: Thomas Dutronc - David Reinhardt - Rocky Gresset.



Chaque chambre a sa salle de bains. Avec ou sans baignoire.

Mobilier: Intérieur de la maison Gaudi (la Pedrera) à Barcelone.

Grand salon des ambassadeurs

Avec l'abbé Pierre.

Résumé :           
 Alors que l'hiver 1954 est particulièrement rigoureux, l'abbé Pierre lance un appel en faveur des sans-logis et déshérités et organise des collectes de vêtements et de nourriture pour les plus démunis. janvier 1954, l'ancien maquisard Henri Grouès, surnommé l'abbé Pierre, publie une lettre ouverte dans Le Figaro où il raconte comment un bébé était mort de froid dans la nuit, au moment où le gouvernement refusait d'accorder des crédits pour la construction de cités d'urgence. Alors que les rigueurs de l'hiver 1954 ne cessaient de s'accentuer, l'abbé Pierre multiplie les appels, notamment sur les ondes de radio Luxembourg, en faveur des sans-logis et des déshérités. Avec la communauté d'Emmaüs qu'il a fondée à Neuilly-Plaisance, il organise une grande campagne de collecte de vêtements et de nourriture et appelle les Français à une "insurrection de la bonté". Cette campagne de l'abbé Pierre déclencha un formidable mouvement d'opinion et fit du fondateur d'Emmaüs un personnage particulièrement populaire. Elle rappelle également que les inégalités sociales restaient particulièrement importantes au début des années cinquante, malgré les débuts de la croissance économique, et que la crise du logement léguée par la guerre n'était pas encore complètement résolue. Éclairage média Sur fond de musique nostalgique, le reportage possède une dimension dramatique importante. Les images montrent la quasi-impossibilité des sans-abris de se réchauffer quelque peu alors que l'hiver est particulièrement rigoureux (neige à Paris, Marne gelée...). Pour donner un aspect plus dramatique à l'action de l'abbé Pierre (discours, visite aux sans abris, organisation de collecte de vêtement...), les images sont tournées de nuit. Le reportage se termine sur un véritable appel à la solidarité des Français.

mercredi 28 novembre 2012

L’autre jardin.


Carise. Venez, Eglé, suivez moi ; voici de nouvelles terres que vous n’avez jamais vues, et que vous pouvez parcourir en sureté.
Eglé. Que vois-je ? Quelle quantité de nouveaux mondes !
Carise. C’est toujours le même, mais vous n’en connaissez pas toute l’étendue.
Eglé. Que de pays ! Que d’habitations ! Il me semble que je ne suis plus rien dans un si grand espace, cela me fait plaisir et peur. (Elle regarde et s’arrête à un ruisseau.) Qu’est ce que c’est que cette eau que je vois et qui roule à terre ? Je n’ai rien vu de semblable à cela dans le monde d’où je sors.

La dispute
Marivaux (1688-1763)
www.librio.net
Coût 2€uros

Ce qui compte ?


Ce qui compte ? voler, voir la terre de très haut, parler aux cigognes, devenir ouragan ou fouet, flèche, éclair, n’être plus qu’une action continue, fluide, instantanée, qui ignore ce que veut dire hésiter, trembler, échouer- et même vouloir.

Roger-Pol Droit : Les Héros de la sagesse aux éditions Flammarion.
Coût 9€.

Sans titre.



lundi 26 novembre 2012

Hall de l’hôtel… Les pas perdus.


ELLE. - Tu reviendras ?
LUI. – Je reviendrai.
ELLE. – Tu m’aimeras encore ?
LUI. – Je t’aimerai toujours.
ELLE. – Tu me le diras ?
LUI. – Je te le dirai et le redirai.
ELLE. – Tu ne m’oublieras pas ?
LUI. –  Je ne t’oublierai pas.
ELLE. – Tu ne changeras pas ?
LUI. – Je ne changerai pas.
ELLE. – J’ai raison d’avoir confiance ?
LUI. – Tu as raison d’avoir confiance.
ELLE. – Même si tu restes longtemps ?
LUI. -  Même si je reste longtemps.
...
Extrait :
Les pas perdus de Denise Bonal
Editions théâtrales. Coût : 13€95.

samedi 24 novembre 2012

Suite Françoise Sagan


Épikhôdov
Le jardinier envoi des fleurs pour la salle à manger.
Lopâkhine, (à Douniâcha)
Apporte-moi le kvass.
Douniâcha 
Bien, monsieur
Épikhôdov
Trois degrés, de la gelée blanche, et les cerisiers en fleur !
Je ne saurai approuver notre climat ! (il soupire.)
Douniâcha 
Épikhôdov, il faut que je vous l’avoue, Iermolaï  Alexéitch, Épikhôdov m’a fait une demande en mariage.
Lopâkhine
Ah !
Douniâcha 
Je ne sais que faire…  C’est un homme doux, mais souvent, quand il vous parle,  on ne comprend rien.
Ce qu’il dit est touchant et bien ; mais on ne comprend pas. Je crois qu’il me plait. Il m’aime à la folie ; mais c’est un homme à malheurs ; tous les jours, il lui arrive quelque chose ; on l’a surnommé Vingt-Deux-Malheurs.

Anton Tchékhov

La Cerisaie. (extrait)

mercredi 21 novembre 2012

mardi 20 novembre 2012

Grand salon des ambassadeurs


Budget, chômage, précarité : la Seine Saint-Denis ne peut plus attendre

Modifié le 20-11-2012 à 13h05
Par Stéphane Troussel
Pdt du Conseil Général du 93
Alors que les banlieues sont - et de loin - les premières victimes de la crise, la cure d'austérité s'appliquera à toutes les collectivités locales, via la prochaine loi de finances. Intolérable pour Stéphane Troussel (PS), le président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis. Il en appelle à la responsabilité du gouvernement.
Édité par Hélène Decommer 

Le 93 déguisé en département "riche"
 Nos banlieues subissent plus fortement que d’autres territoires de la République le chômage, la précarité et le décrochage. C'est ce que vient de rappeler le dernier rapport de l’Onzus (Observatoire national des zones urbaines sensibles).
 Mais alors que les habitants de la Seine-Saint-Denis sont de plus en plus nombreux à avoir besoin de solidarité, la capacité d’un département comme la Seine Saint-Denis pour la mettre en œuvre se tarit. Pour deux raisons :

 - D’abord depuis 2004, l’État ne compense pas l’augmentation des dépenses sociales obligatoires des départements. Cela représente plus de 170 millions à la charge du Conseil général de la Seine Saint-Denis pour la seule année 2012.

 - Pire encore, l'absurdité technocratique déguise un département comme le nôtre en un département riche. Ainsi, non seulement la Seine Saint-Denis ne bénéficie pas du fonds d’urgence d’aide aux départements en difficulté, mais doit au contraire cette année 14,3 millions d'euros au titre de la péréquation entre les départements !

Des mesures d'urgence pour le département
Voir la suite de l’article :

L’automne

De Véronique
(Peinture sur verre)

lundi 19 novembre 2012

Petit jardin de Dionysos errant.

Sous la pluie,
Au milieu d’un parterre  mouillé et flavescent
Dans les yeux du jeune homme
J’y ai vu le métal précieux.
Puis ce fut un doux et fraternel baisé.
L’humus exhalait sauvage et capiteux
Les senteurs
D’un feu d’automne.
En cet instant argenté
Nous fûmes plus valeureux.

Petit boudoir "Amandine"

jeudi 15 novembre 2012

Le sage:


Il n’est jamais véritablement démuni puisqu’il ne manque de rien, puisqu’il a tout à sa disposition, puisqu’il est citoyen du monde, puisqu’il est libre de ses mouvement, puisqu’il maîtrise autant son corps que son âme et qu’il est, d’une manière ou d’une autre, devenu une partie de la nature, une parcelle de l’univers, un grain du cosmos. Bref, le sage qui parait s’être privé de tout, est pourvu de tout. Devenu zéro, il possède l’infini.  
Reste à tenter de saisir ce que peuvent signifier  des expressions comme « se priver de tout », ou « devenir zéro ». Faut-il les prendre au pied de la lettre ?

Roger-Pol Droit : Les Héros de la sagesse aux éditions Flammarion.
Coût 9€.

mercredi 14 novembre 2012

Le petit auditorium "Les Enfants du paradis" présente:


Entr'Acte (1924)
Proposé par : TheWelleszCompany
Un film de :
René Clair (1898-1981) / Erik Satie (1866-1925)


Entr'acte est un film réalisé par René Clair qui est diffusé le 27 novembre 1924 à l'entracte de Relâche, ballet dadaïste de Jean Börlin et Francis Picabia au Théâtre des Champs-Élysées, par les Ballets suédois. Il représente à ce titre la première intervention du cinéma dans un spectacle de danse. Le film est une suite d'images surréalistes, comme une poursuite folle d'un corbillard ou une danseuse barbue filmée par en dessous. Voir ici la note écrite par Francis Picabia qui servit de fil directeur au film : 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Entr'acte_(film) 

Le film est un hommage aux films burlesques de l'époque, la partition d'Erik Satie fut composée en suivant scrupuleusement le rythme des images du film en un temps où le film était encore muet. De ce court métrage, … 
Voir : 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Entr'acte_(film)

Si quelqu'un, pour une raison quelconque, juge que cette vidéo ne doit pas apparaitre sur ce blog, parce que sa présentation violerait le droit d'auteur, s'il vous plaît faites nous le savoir. Nous l’enlèverons aussitôt de l’affiche. Merci.

mardi 13 novembre 2012

Chambre N° 58: Benjamin Dubost

Benjamin Dubost interprète à l’accordéon « MonFrère »
http://www.generationslive.fr/ptibonhomme
benjamin.dubost@gmail.com




lundi 12 novembre 2012

Il pleut encore.


J'aime la rue, sa pluie, l’odeur de cette pluie, ce monde grouillant qui noie l’indigent. Mais l’indigent semble s’en foutre complètement de toute cette eau ; de tout ce monde. Il parcourt sa portion de boulevard comme un Don Quichotte, et moi presque caduc je suis en marche à coté de lui bousculé ; ballotté parfois par l’un de ses sacs comme par le ventre d’un ogre ruisselant tout Paris.
La ville, l’immonde ville (vaste urinoir pour indigents) se voudrait déjà scintillantes des lanternes de noël.
Le froid aimerait prendre en tenaille l’absurdité de tous ces vas-et-viens avec leurs pensées  âpres ou doucereuses.
L’arbre pris pour pissoir se gausse de ce chatouillis.
Lui cet indigent à mes cotés est beau comme un Christ ; cheveux mi longs blonds châtains avec des mèches en or.
Je connais maintenant son odeur et parfois en lavant son linge, celle insidieuse mais déjà perceptible de la puanteur  qu’exhale un trousseau humide et porté depuis presque une semaine.
L’indigent est érudit.
Coude contre coude, bras contre bras, nous avons visité le musée d’Orsay ensemble. Demain le Louvre et toujours les mêmes cafés aux alentours de Saint-Germain-des-Prés
Ce jeune homme de trente trois ans aime les femmes.
Et moi j’aime étrangement ce jeune homme.
J’aime chez lui (alors que je nous aime encore un peu) tout ce qui n’est pas nous. Cette étrange adhérence au bitume ; ce refus presque catégorique qui  lui revient souvent de se faire aider par l’état ;  les services sociaux.
J’aime sa maintenance (même transi de froid) à son statut d’indigent.
Soit.
Le verbe aimer ici n’est pas le bon, puisque nous ne saurions aimer la misère ; le désordre quelle jette sur les nécessiteux et nous tous.
Mais comment ne pas aimer en « éructeur » de puanteurs de ce monde, en artiste, en critique ce prélude tumultueux à la Victor Hugo ?  Comment ne pas aimer ; comment ne pas chérir cet autre nous-mêmes qui sonde à notre place le devenir  sans doute pitoyable de notre société.
La résonance  ici est une nouvelle fois tonitruante.
La misère s’installe à Paris, dans nos rues ; partout ; dévorante,  en un clin d’œil.
Elle me sied parce qu’elle nous pousse dans nos derniers retranchements.
Pour ne pas aller jusqu’au sang il nous faudra couper et reprendre pour nous des pliures de l’étoffe du manteau de Saint-Martin.
Voila huit mois qu’une ou deux fois par semaine je partage un café, du pain, une pizza avec ce nouveau compagnon.
De ce partage, j’en ai fait mon poing, un étendard, le cri avalé, enfoui de toutes les désespérances tues.
J’en ai écrit une très courte nouvelle intitulée « Dat »
Et à la dernière ligne, j’en ai fait mon tombeau.
J’ai alors levé mes poings et pris le col de cet homme.
Je lui ai crié mon attachement, mon affection ma tendresse, et les semaines écoulées ont faits de nous ; deux frères ; deux amants fraternels.
Chacun ayant besoin de l’autre de façon différente.
Un jour Christophe partira pour un mieux être et ce sera bien.
C’est ce que je lui souhaite vivement.
Je serai déjà mort
Dans la solitude d’une chambre d’hôtel.

Diogène.


Diogène le Cynique n’avait pratiquement plus rien a lui. Il vivait dans une citerne.
La légende lui attribue un tonneau. Il mendiait son pain, il ramassait souvent des nourritures données en offrande dans les temples ou fouillait dans les ordures de la Cité. Il ne possédait presque aucun ustensile.  Après avoir vu, à une source, un enfant boire dans ses mains, Diogène aurait cassé sa dernière  écuelle. Si les enfants boivent dans leurs mains, pourquoi donc le sage aurait-il besoin d’un bol ? Encore un accessoire qui se révèle inutile et auquel on peut renoncer…

Roger-Pol Droit : Les Héros de la sagesse aux éditions Flammarion.
Coût 9€.

samedi 10 novembre 2012

Cela s’est passé il y a longtemps


Dat, proposa au malheureux de monter dans sa chambre puis de se défaire de ses habits, de prendre une douche. Dat regardait l’homme faire sa toilette. Un  corps blond, légèrement ambré.
Dat proposa à l’homme de lui laver le dos. Le savon écumait sur ce corps étranger.
L’homme s’allongea ensuite sur le lit, nu fatigué. Dat regarda son corps. Il garda ses impressions pour lui. Dat, entreprit de masser les pieds de l’indigent longtemps avec application. L’homme s’endormit. Dat tout habillé s’allongeât à son côté ; enfoui son corps dans le corps nu de l’autre.
Il eut un sanglot, comme un trouble. Dat souffrait.
Son visage écoutait maintenant un autre souffle que le sien. Il respirait une odeur ; autre que celles accoutumées. Dat alors s’endormit souhaitant ainsi gagner le ciel.

A Marion chambre N° 76


La dame du lac

Elle esquisse le jour
En y épouvantant
Des chimères.

Ses bras ardents
Griffent mon souvenir
De feux mémoriaux

Et sous sa robe d’écume
S’enfle d’un désir sombre

Mon désir.